#France2025: Le Mondial treiziste de retour en France

Mis à part quelques matchs en 2000 et 2013, la France n’a plus accueilli la Coupe du Monde de rugby à XIII depuis 1972. Et si c’était à son tour en 2025* ?

Pourquoi ?

Bonne question. Pourquoi une coupe du monde treiziste en France ? Parce qu’il n’y a que nous… Enfin nous et la Nouvelle-Zélande, mais admettons que le tour de cette dernière viendra plus tard.  Ce n’est qu’ici que la fédération internationale (RLIF) peut raisonnablement espérer faire atterrir sa compétition ailleurs qu’en Australie ou en Angleterre. L’initiative nord-américaine qui devait initialement accueillir l’édition 2025 ayant fait long feu.

La France est le seul pays au monde qui peut à la fois s’enorgueillir des infrastructures nécessaires pour accueillir la compétition et d’un ancrage treiziste limité mais réel.

Comme pour la Coupe du Monde quinziste au Japon, il s’agirait pour le sport de sortir de sa zone de confort, de son carcan (limité ici à l’Angleterre et l’Australasie), d’insuffler une nouvelle image et de faire la preuve à ceux qui veulent bien voir, que le rugby à XIII n’est pas limité à ces deux régions ou à quelques autres équipes anglo-australiennes sous pavillon de complaisance. Il existe un XIII ailleurs, reste à le démonter aux yeux du monde. Une coupe du monde en France serait un argument majeur en ce sens.

Evidemment un mondial français ne pourrait pas se prévaloir d’être aussi suivi, regardé ou simplement aussi réussi qu’une Coupe du Monde australienne ou britannique. Une telle compétition nécessiterait que le monde du XIII fasse quelques concessions en matière d’affluences ou de retombées économiques.  Le jeu en vaut-il la chandelle ? C’est à la fédération internationale de répondre à cette question.

Pour le XIII en France, la question ne se pose pas. Elle aurait tout à gagner à tenter l’entreprise. Au delà de l’éclairage médiatique et sportif durant la compétition, un mondial français serait, peut-être, d’abord, la possibilité de retrouver un liant entre tous les acteurs du XIII dans notre pays. Un liant perdu depuis bien longtemps dans des querelles intestines. Ce serait la possibilité pour ces acteurs de se retrouver, unis par la volonté de réussir dans un même projet. Une perspective sans doute salutaire…

Quel impact ?

L’autre question à se poser est ce qu’est une Coupe du Monde de Rugby à XIII. Un tournoi mondial avec une coupe à la fin ? Oui, merci… vous êtes gentils. Non, ce qu’elle représente d’un point de vu économique, quelle est son importance, son ampleur ? A quoi peut-on la comparer ? Dans quelle genre de galère d’aventure rayonnante, le rugby à XIII français pourrait avoir à mettre les pieds ?

Le dernier mondial en date, celui de 2017 disputé aux Antipodes avait inscrit un budget de 40 millions de dollars australiens (~ 25M€). Les matchs s’étaient disputés sur 13 stades en Australie, en Nouvelle-Zélande et à Port Moresby (Papouasie). La compétition avait accueilli 380 000 spectateurs durant les 28 matchs de la compétition, affichant une moyenne d’un peu plus de 13 500 spectateurs par match. La finale à Brisbane avait attiré 40 000 spectateurs, quant au match le moins suivi (Samoa-Ecosse) il avait du se contenter de 4 300 curieux.

En 2013, le mondial disputé en Angleterre (plus quelques matchs au Pays de Galles ou en France) avait attiré, lui, 458 483 fans dans 18 stades. Les deux événements ayant dégagé un léger profit de l’ordre de quelques millions d’euros.

Alors a quoi comparer cette compétition ? Certainement pas à la Coupe du Monde ou l’Euro de football, pas même à la prochaine Coupe du monde féminine de ballon rond (budget de 65 M€). N’osons même pas citer l’autre coupe du monde rugby de peur de froisser qui que ce soit. Même la jauge du mondial de handball 2017 semble trop haute (un budget de 30 M€ pour 550 000 spectateurs)

Reste l’EuroBasket 2015 avec son budget de 17M€ et ses 250 000 spectateurs sur ses deux sites français (Montpellier et Lille). Voilà le genre de défi auquel la Fédération Français de Rugby à XIII s’attaquerait. Alors oui, si l’on compare le poids des deux sports en France, on arrête tout de suite la lecture et on passe à autre chose. Heureusement, une coupe du monde n’aurait pas à compter sur les seuls treizistes français.

Quel public ?

Une Coupe du Monde de rugby à XIII en France se devrait de viser trois publics:

  • Les treizistes français (certes peu nombreux, mais facilement mobilisables, qui plus est pour un événement exceptionnel dans leur vie de supporter)
  • Une partie des quinzistes qui s’y laisseraient facilement prendre, notamment dans le cœur rugbystique occitan laissé pour compte depuis des lustres dès qu’il s’agit de rugby international.
  • Les treizistes étrangers (anglais essentiellement), qui devraient répondre très favorablement au triple appel d’une Coupe du Monde unique, d’une virée dans le sud de l’Europe au mois de novembre, et – peut-être – à l’envie de prendre leur revanche sur le sort qu’a été réservé au XIII chez nous.

Ainsi, on comprend assez rapidement qu’une telle compétition ne serait pas réellement nationale, mais centrée sur le sud du pays, particulièrement, si ce n’est entièrement, en Occitanie, là où la rencontre de ces trois publics pourrait se faire le plus facilement. Les trois populations mises bout à bout, une coupe du monde de rugby à XIII en France et des affluences raisonnables deviennent imaginables .

Certains renâcleront sans doute à l’idée d’un mondial limité à une seule région et qui ferait fi de la majeure partie du pays. C’est pourtant très certainement un prix à payer pour sa réussite. De fait, #France2025 serait en grande partie #Occitanie2025.

Un cadre régional

Restreinte au seul territoire occitan (accompagné d’un ou deux éventuels accessits venus d’ailleurs comme Avignon), la candidature profiterait ainsi du soutient complet de la Nouvelle Région, trop heureuse de se voir offrir une manifestation internationale pour assurer sa promotion. Le public occitan serait plus à même de concevoir la coupe du monde, comme ‘sa’ coupe du monde et d’en prendre le parti, même sans être nécessairement amateur de rugby . Quant aux marques locales à fort caractère régional comme Sud de France elles se retrouveraient avec un événement parfaitement taillé à leur mesure.

On pourra toujours s’amuser à pousser les limites de la candidatures aux frange ouest (Bordeaux, Agen, Biarritz…), est (Lyon, Toulon, Grenoble…), ou nord (Limoges, Clermont…), s’aventurer sur des terres exclusivement quinzistes, rêver à la conquête des stades de football, voire même sortir des frontières nationales. Sans doute. Mais à élargir les frontières, la candidature perdrait de son sens, de sa compacité, de son attrait en réalité. Ce serait sans doute un risque inutile à prendre et qui ne pourrait s’avérer que contre-productif.

D’autre part la compacité du tournoi serait un argument majeur pour les visiteurs étrangers (anglais) qui pourraient facilement parcourir la région entre deux matchs de rugby à XIII. Entre Toulouse et Avignon, il n’y a peine que trois heures de route. Evidemment, ce la permettrait également de limiter les coûts de transport et de sécurité.

A conserver une envergure limitée, la candidature n’aurait d’ailleurs pas grand chose à perdre. A la vue de ce que représente aujourd’hui le XIII en France, il est difficile d’imaginer que de toute manière les grands médias ou entreprises nationales s’intéressent de beaucoup à l’événement, qu’on lui confère ou non une empreinte nationale.

Lors de la dernière Coupe du Monde organisée en France en 1972 (4 équipes, et 7 matchs seulement), la FFRXIII avait opté pour un tournoi allant de Pau à Marseille avec à la clé des affluences très pauvres, notamment la finale jouée à Lyon devant à peine 4 000 spectateurs. Ce n’est certainement pas sur cet exemple que la FFRXIII aimerait à s’appuyer pour une éventuelle nouvelle candidature.


*2025 ou plus tard… Ce qui est écrit ici, serait tout autant valable en 2029 ou 2033, année du centenaire de l’introduction du rugby à XIII dans notre pays…

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Comments

  1. Cela serait super, et une bonne pub pour le Rugby à XIII Français et la FFR XIII mais a t-elle vraiment envie et les moyens de monter un tel dossier, et si Mr Marc Palanques sera toujours à la tête de la Fédération Française de Rugby à XIII ? …..

  2. Je suis 100% derrière cette idée que j’ai déjà poussé plusieurs fois sur un forum bien connu. Seul bémol, les quelques millions de profits qui si, il est vrai, ne sont pas à la hauteurs d’autres évènements sportifs, ne sont pas négligeables pour le RXIII.

    1. Oui, ce n’est pas négligeable en effet. Cela ferait partie des ‘concessions’ en question.

      Après rien n’interdit de penser qu’un tel tournoi ne dégagerait pas également un profit, notamment via le soutient de la nouvelle région.

      Ici, il était surtout question de la faisabilité en matière de stades/affluences.

  3. Accueillir la Coupe du Monde en Occitanie serait effectivement fédérateur et donnerait un coup de boost au mouvement treiziste français. De plus, pour envisager de ré-exister sur la place internationale, l’accueil de la plus grande compétition de rugby à 13 me paraît un passage quasi-obligé.

    On pourrait dire alors « France is back », surtout si « Les Chanticleers » (surnom donné aux Tricolores par les anglo-saxons) augmentent leur niveau de compétitivité.

    Enfin, le coeur du rugby à 13 français bat en Occitanie. Qu’elle accueille la quasi-totalité de la compétition me paraît donc pertinent. Si cela peut donner un coup de boost aux clubs du Sud de la France, alors on sera gagnant.

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