Bernard Laporte vient de proposer pour la saison prochaine la création d’un championnat national intermédiaire entre la Pro D2 et la Fédérale 1. En 2018, j’avais écrit qu’il fallait s’habituer à aller « de formule merdique en formule merdique » pour la Fédérale 1. Voilà, nous y sommes.
Ceci n’est pas une Pro D3
Contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, la fédération ne souhaite pas créer une Pro D3, véritable troisième division professionnelle sous l’égide de la Ligue Nationale de Rugby, mais plutôt une passerelle, un sas, un intermédiaire – appelez-ça comme vous voulez-. bref un bidule idiot regroupant 12 équipes et qui viendrait s’insérer entre les mondes pro et amateur.
Ce n’est pas non plus une idée nouvelle. Déjà début 2018, Laporte avait émis l’idée d’une « marche facilitant l’accession vers le monde professionnel ». Il avait encore évoqué la question en fin d’année dernière. La crise du Coronavirus et les montées empêchées de deux clubs de Fédérale 1 en Pro D2 semblent avoir été pour lui l’occasion idéale de remettre sur le tapis – et en toute urgence – ce formidable projet qui résoudra les maux du rugby semi-pro français (#sarcasmalert).
On peut même s’amuser à revenir bien plus loin en arrière, aux premières années du rugby professionnel quand une « Promotion Nationale » avait été crée durant la saison 1999-2000. Fort heureusement, cette désastreuses expérience n’avait duré qu’une seule saison.
L’impossible cohabitation
Depuis plusieurs années, la Fédérale 1 change régulièrement de formule. Coup sur coup, on a eu droit à une poule de Fédérale 1 elite qui regroupait les clubs les mieux armés pour monter au niveau supérieur; aujourd’hui à des phases finales différenciées entre clubs jouant la montée et les autres; demain – peut-être – à ce championnat bâtard.
Ces changements incessants tentent de répondre à une même problématique: la disparité de niveau au sein d’un championnat qui comptait 48 clubs cette année. Des écarts que l’on peut expliquer par la présence dans la division de clubs déjà professionnels ou presque (durant cette saison, le budget de Bourg était de près de 4 M€, avec une telle somme, on ne se contente pas de payer les oranges à la mi-temps pour les gamins). Elle oblige la fédération à se faire gymnaste et à se contorsionner dans tous les sens pour ménager la chèvre (les clubs amateurs) et le chou (les professionnels), sans jamais obtenir satisfaction.
Oser la séparation
La solution à cette question est pourtant d’une simplicité enfantine: les clubs professionnels jouent dans des competitions pour clubs professionnels, les clubs amateurs dans des compétitions pour clubs amateurs. Prenez deux secondes pour vous en remettre. Je sais.
Trop simple sans doute pour la technocratie du rugby français. On essaiera jusqu’à l’absurde de maintenir l’illusion d’un championnat ouvert entre pros et amateurs. Vous ne trouverez personne à la Fédération ou ailleurs capable d’expliquer en quoi mélanger amateurs et professionnel est bénéfique aux intéressés. Au mieux, des sentences toutes faites feront office d’argument: « les championnats fermés, ce n’est pas notre culture » ou « il faut une solidarité entre les clubs ». Autrement dit, rien. Un « ferme ta gueule, c’est comme ça et c’est tout » ferait tout aussi bien l’affaire.
Enfermé dans ce carcan idéologique, le rugby français (mais cela vaudrait pour d’autres sports) s’interdit donc la seule réponse valable aux maux de la Fédérale 1: la séparation des deux mondes et la fermeture du championnat professionnel couplée à sa nécessaire extension.
Les clubs pros (ou quasi) prennent la direction de la Ligue, les autres, comme par exemple Saint-Jean-de-Luz « qui n’a aucune volonté de monter en pro D2 », restent sous le giron fédéral, charge à la FFR de (re)construire au mieux ses championnats. En profitant du départ des clubs aspirant au professionnalisme, elle pourrait ainsi redonner toute son intégrité et son identité au championnat, faisant de la Fédérale 1 le véritable championnat d’honneur du rugby non professionnel.
Arrêtons de croire que l’on peut mélanger les uns et les autres. Cela n’a pas marché jusqu’à présent et ce n’est certainement pas cette fausse Pro D3 qui permettra de faire fonctionner ensemble ce qui est devenu irréconciliable.
Merci à la FFF de garder ses idées pour elle
Ce que souhaite Bernard Laporte, n’est ni plus ni moins qu’un copier-coller du National des footballeurs à la sauce ovale. Il faut croire que la boite à idées du rugby français est désormais vide et qu’il faut aller puiser ses trouvailles chez les petits copains.
Le National avait été instauré par la Fédération Française de Football en 1993 en remplacement de l’ancienne Division 3 qui comptait 6 groupes de 16 équipes. D’abord composée de deux groupes, la division avait été réduite à un seul en 1997. Comme aujourd’hui dans le rugby, il s’agissait alors de créer une passerelle entre deux mondes pour permettre l’apprentissage du professionnalisme. Si les dirigeants du rugby veulent introduire la même formule 25 ans après, cela veut dire que le National a été une réussite incontestable pour le football français alors ?…
Longtemps, ce championnat idiot a vécu au rythme des liquidations ou rétrogradations administratives de ses clubs Aujourd’hui, la FFF cache la misère de ce qui devrait être son championnat majeur en subventionnant chaque année les clubs pour les aider à survivre à cette hérésie. De l’argent qu’elle pourrait dépenser ailleurs, dans les clubs amateurs notamment.
L’objectif que s’était donné ce championnat est aussi un échec complet. On n’y prépare en rien la montée vers le professionnalisme. Les clubs ne se structurent pas en National, tout l’argent est investi dans l’équipe première dans l’espoir de quitter au plus vite ce no man’s land médiatique pour accrocher l’une des trois places qualificatives pour la Ligue 2 et son mirage des droits TVs. Le reste …
Incapable de réussir dans sa mission première, le National est également un championnat qui se débat dans un anonymat qui devrait faire honte au foot français. Cette saison les 18 clubs de National 1 ont affiché les plus mauvaises affluences jamais vues en 20 ans avec 1.341 spectateurs de moyenne, soit pas beaucoup mieux que les 48 clubs de Fédérale 1 (1.153).
Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs. La Troisième division du football français.pic.twitter.com/uFgfc6sqnT
— surlatouche.fr (@surlatouche_fr) January 23, 2020
Le remède est pire que le mal
Les mêmes causes produiraient les mêmes effets ici. Un championnat national à la sauce FFR fera perdre aux clubs plusieurs derbies dans la saison. Les frais de déplacement exploseront en imposant aux clubs des trajets de plusieurs centaines de kilomètres tous les 15 jours et des séjours à l’hôtel. Et puis, mécaniquement, il poussera aussi à la professionnalisation des joueurs qui refuseront bientôt de telles contraintes sans être employés à temps-plein. C’est ce qu’il s’est passé dans notre championnat-témoin où la presque la totalité des footballeurs du National sont aujourd’hui sous contrat professionnel.
Evidemment, tout cela aura un coût. Les dépenses exploseront tandis que les recettes stagneront ou diminueront dans certains cas. Chaque saison des « subventions exceptionnelles » seront implorées au près des collectivités, et puis, on demandera de l’aide à la FFR (cela a déjà commencé) et enfin, on s’habillera de sa tenue de mendiant pour quémander une part des droits TVs à la LNR. Que de formidables perspectives.
Evidemment, encore, comme pour le football, les clubs n’auront pas d’autre échappatoire pour sortir de cet enfer que de tout investir sur le plan sportif pour tenter d’aborder les côtes dorées de la LNR, remettant aux calendes grecques tout développement du club et rendant ainsi caduque l’idée d’un championnat qui préparerait au professionnalisme. La seule chose que préparerait le National c’est l’éventuelle disparition de certains clubs.
Personne n’a rien à gagner à ce National: pas les clubs qui y seront, pas ceux qui n’y seront pas et qui reculeront tous d’un cran, pas même la Fédération qui sera bientôt appelée à l’aide. Le National du rugby ne résout rien et ne crée que des problèmes nouveaux. Cette une fausse bonne idée né d’un carcan idiot que le sport français s’impose à lui-même.
Excellent papier ! Félicitations, tout y est.
Toute presse confondue, c’est la première fois que j’ai le bonheur de lire un article aussi cash et révélateur.
A conseiller et à dispenser à tous ses amis (c’est ce que je me suis empressé de faire). Toute vérité est bonne à dire, quand bien même elle serait cruelle pour le rugby comme pour le sport français en général, lequel n’a aucune réflexion économique, sportive et même philosophique.
Tout sport (et donc tout président de fédération) devrait commencer par s’interroger et répondre à des questions basiques mais fondamentales : quel sens porte la discipline que je chéris ? à quelle mission doit répondre le professionnalisme d’un côté, la sphère amateur de l’autre ? A partir des réponses, bâtir une structure générale et un ensemble de compétitions intelligentes, saines et cohérentes, articulées pour répondre aux objectifs de développement que l’on se fixe pour son propre sport.
Qui fait ça ? Sûrement pas grand monde, dans le rugby personne et ça ne date pas d’hier et de Laporte, même si ce dernier ajoute une couche supplémentaire de médiocrité et d’absence de vision à tous ses prédécesseurs qui n’avaient pourtant pas mis la barre bien haute…
Le rugby français a le président qu’il mérite, loin des valeurs marketing qui lui lui servent de »com » mensongère et le sport français s’enfonce, le plus souvent, dans un obscurantisme dangereux conduisant à de multiples dérives que l’on pourrait éviter en raisonnant avec plus d’intelligence que de passion et en se montrant plus pragmatique que démagogue. Autant dire que ce n’est pas pour demain, malheureusement.
Non, ce n’est malheureusement pas pour demain. Et ce n’est d’ailleurs pas qu’une question de fédération, il suffit de voir le peu de réflexions chez les dirigeants de clubs sur cette question qui se résume à « combien la FFR va nous donner, si on dit oui ? » Fantastique…
Ces questions, ces objectifs, ce ‘sens’ que l’on devrait essayer de donner aux championnats. Personne ne s’interrogent là dessus. Pas plus dans le rugby qu’ailleurs. On construit des championnats pour faire de zolis pyramides. Ce qu’on y met dedans et pour y faire quoi ? Pfff…
Ps: Merci pour les compliments :p
Bonjour Monsieur,
Excellent article que je partage totalement, votre analyse est pertinente et devrait interpeler nos décideurs. Modestement j’ai souhaité mettre sur le papier mon ressenti.
C’est du rêve dont on a besoin
La solution présentée par la FFR ne répond pas aux problématiques du rugby amateur
C’est surtout et pourquoi je suis favorable à la création d’une ProD3 afin d’avoir séparation étanche du rugby professionnel et du rugby amateur, en quelque sorte un cloisonnement du rugby professionnel.
Alors la création de la ProD3 est indispensable, mais à condition que ce soit une ligue fermée composée dans un premier temps du Top 14, de la ProD2 à 16 équipes et de la ProD3 à 12 équipes qui devrait à terme, pour simplifier et rendre plus lisible ces compétions, se transformer en 3 entités à 14 clubs, où les montées et les descentes s’organiseraient entre ces 3 entités.
Aucune montée sportive n’est autorisée, essentiellement un remplacement sur dossier déposé préalablement à la ligue et à la FFR
En cas de dépôt de bilan d’un club, il est rétrogradé en ligue régionale (honneur), en cas où il demande un retour dans le rugby amateur (abandon du statut professionnel), il réintègre la fédérale 1, alors il serait remplacé sur la base du volontariat par le club le mieux placé à l’issu du championnat de fédérale 1 amateur. Ce club est éventuellement remplacé sur la base du volontariat à condition de remplir les exigences et les obligations imposées et choisissant naturellement le statut professionnel pour intégré la ProD3
Si le championnat de fédérale 1 n’est pas terminé, c’est le club volontaire le mieux classé la saison précédente qui aura l’opportunité de monter
L’avantage sportivement est de distinguer clairement les règles entre le rugby professionnel et amateur (mêlées et plaquages particulièrement)
Les règles dans ces catégories étant gérées par World Rugby.
La LIFR gère ces 3 championnats
La FFR le rugby amateur et les équipes de France
En préalable la question à se poser est de savoir si la France peut et à les moyens d’avoir sur son sol 42 clubs professionnels.
Je pense, surtout lorsque j’observe le nombre de spectateur, par exemple à Suresnes (1000 spectateurs de moyenne) que le nombre de clubs désireux d’évoluer à ce niveau risque de fondre comme neige au soleil.
Le monde professionnel aussi et ainsi se régulera de lui-même.
En ce qui concerne les amateurs
Pour moi, si il y a création de la fédérale élite, elle doit être une compétition fermée (12 clubs) avec montée des 2 premiers en ProD2, mais pas de descente en fédérale 2. Un club qui fait défaut administrativement est remplacé par un club volontaire (le mieux classé) qui remplis les engagements.
Les fédérales identiques en nombre et en poule (8 poules de 10), ce qui rend lisible et compréhensible ces compétitions. Avec des 32èmes de finale.en championnat de France pour redonner des perspectives enthousiasmantes pour les clubs et décerner de véritable titre de champion de France amateur dans chaque catégorie.
Les 2 premiers qualifiés directement et les 3ème, 4ème, 5ème et 6ème en barrage pour rejoindre les 32ème de finale. Ainsi tu impliques 6 clubs pour la qualification et 2 clubs pour la descente. Il n’y a que 2 clubs non impliqués. Les poules de 10 sont donc prolongés par des objectifs cohérents.
Les compétitions de ligue étant confiés de façon autonome avec des qualifiés pour les différents championnats de France débutant en 32ème de finale, ce qui donne de la motivation aux clubs en sortant de leur territoire en en rencontrant de nouveaux clubs.
Si la F.F.R doit justement aidé financièrement les clubs c’est en leur offrant du rêve.
Pour les jeunes -16et -de 19, en dehors de l’élite (clubs professionnels) c’est ce type de formule qu’il me parait essentiel de proposer
En complément concernant les poules de 10 Avantages pour le rugby amateur : 18 rencontres (6 blocs de 3 rencontres consécutives et 1 repos ou une date de replis, c’est un rythme qui me semble cohérent.
Un peu d’histoire, lorsque je jouais en 2ème division, les poules comprenaient 8 équipes et nous avions le challenge de l’essor qui nous servait de préparation. Actuellement un début de championnat fin septembre avec des matchs amicaux en début de saison, qui soit dit en passant génèrent autant de recettes pour les clubs compensent la pseudo rentrée d’argent des poules de 12.
C’est du moins mon point de vue. Étaler la saison, donner plus de perspectives aux clubs en terme de qualification aux différents championnat de France me paraît plus motivant. En ce qui me concerne en tant que joueur, puis entraîneur je me souviens de toutes mes rencontres de phases finales, alors que pour les rencontres de championnat ce n’est pas le cas. Les phases finales redonnent aux clubs un nouvel élan et un surplus d’enthousiasme
Amicalement
Un petit complément
Ecris le 27/04/2020
Protégeons toujours et encore le rugby amateur
En ce qui concerne le rugby amateur les montées et les descentes ne peuvent et ne doivent résulter que d’une logique sportive.
Car il risque de mettre en danger la santé de nombreux joueurs et parce que les règles sont différentes en ce qui concerne le plaquage et la mêlée.
L’autre facteur important est la course à l’armement pour espérer exister et se maintenir au niveau acquis sur tapis vert, ce système va produire une inflation et une surenchère dont les joueurs plus ou moins consciemment vont tirer profit.
Enfin la cohabitation et le mélange des genres de joueurs amateurs et professionnels évoluant dans ces compétitions rendra inexorablement ce championnat anxiogène.
Ce phénomène menace de provoquer l’endettement des clubs et comme souvent cela va aboutir à un échec sportif, humain et économique qui risque de plonger un grand nombre de clubs dans les affres d’une rétrogradation administrative.
Les championnats seront faussés, peu équitables et surtout les ambitions des clubs sains et prudents seront contrariées.
Notre rugby est décidément constamment tiraillé par des considérations politiques, économiques et éventuellement sportives.
Il est actuellement primordial de prôner et de revenir à un rugby éducatif et moral avec moins d’enjeux économiques.
Il est indispensable de profiter de cette crise pour justement revenir à un mode économique classique (spectateurs, subventions et sponsors d’origine locale), parce que ce modèle maintient un lien étroit, historique, géographique et économique entre les supporters, les clubs et les finances publiques ou privées.
Historiquement les clubs se construisaient et progressaient dans la hiérarchie en grande partie grâce à la qualité de leur formation, c’est malheureusement devenu des exceptions.
Cette mutation hasardeuse va mettre en porte-à-faux la singularité du rugby qui était de cultiver un rugby plaisir, un rugby éducatif, et un rugby formateur synonyme d’école de la vie.
Amicalement
Félicitations, vous venez de remporter haut la main le titre du commentaire le plus long de l’histoire de ce blog !
Merci pour ces réflexions en tout cas.
Pour répondre sur un point. Je ne pense pas qu’il faille se fixer sur un nombre de clubs et de divisions pré-défini. Si demain, 4 projets se présentent sur la table de la ‘LIFR’ et que ces 4 projets paraissent viables, faudra t-il les faire patienter xx années que 4 places se libèrent ?
Dans un tel système, il faudrait introduire de la souplesse et des structures de championnat qui s’adaptent au nombre de clubs et pas l’inverse comme aujourd’hui.
Cela veut notamment dire rompre avec le dogme de la poule unique en matchs aller-retour.
Ma seule intention est d’alimenter le débat
Notre rugby est pollué par les luttes de pouvoir
La démocratie ne doit pas être un lieu où on obtient un mandat déterminé sur des promesses pour faire ensuite ce que l’on veut.
La gouvernance actuelle a les idées de ses intérêts, elle est surtout aveuglée par ses certitudes.
Malheureusement tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser et l’opportunisme, la ruse ou la mauvaise foi éclairent d’une lumière particulière la nature des rapports entre les challengers.
Nous sommes un sport qui passe son temps à traverser des politicailleries et à en tirer, de temps en temps, des leçons sans que toujours, malheureusement, ces leçons suffisent à éviter la tracasserie suivante.
Alors comment faire de nouveau comprendre aux pratiquants amateurs que ce sport doit être pratiqué avant tout pour le plaisir du jeu et du vivre ensemble.
Nos dirigeants majoritairement étaient d’anciens joueurs, ils apportaient une proximité sociale induisant forcément des rapports plus resserrés et consensuels.
Seule l’éducation peut faire évoluer les mentalités, ce sport est et doit rester une source d’inspiration, de tolérance et d’apprentissage pour notre jeunesse et de respect pour nos dirigeants.
Ces éléments participent à créer une société plus juste et fraternelle, c’est peut être le moment d’appliquer ces belles paroles parce que notre sport, comme notre société est véritablement en danger humainement et accessoirement financièrement. Penser en solidaire, plutôt qu’en solitaire en résumé le temps est à la cohésion.
Amicalement
A chacun de trouver sa place
Il y a de grandes distorsions entre les différents acteurs du monde du rugby en fonction des motivations et des intérêts pour ce sport.
Les spectateurs et les supporters, pour qui le spectacle et l’appartenance à un club semblent essentiels mais qui depuis quelques temps ne se contentent plus d’un rayonnement local, voir régional, acceptent une nationalisation et aussi une internationalisation des effectifs pour se maintenir au plus haut niveau quitte à ce que leur club se mette en danger financièrement et ne s’apparente plus à ce qui faisait l’originalité de ce sport ; on peut de ce fait s’interroger : à quoi ressemble et quelle passion peut on accorder actuellement à un derby.
Les professionnels pour qui heureusement la motivation pour le rugby est indéniable mais pour qui les intérêts financiers sont primordiaux car ils vivent de cette activité, ce qui malheureusement provoque une inflation et une surenchère dont les différents acteurs tirent profit ; ce phénomène et cette course à l’armement produisent l’endettement des clubs et un bouleversement des effectifs préjudiciables à l’équité des compétitions.
Enfin celles et ceux, joueurs, éducateurs, entraineurs, dirigeants et les nombreux bénévoles qui composent le rugby amateur pour qui la passion est le moteur indispensable à la survie de tous ces clubs qui composent le tissus vital de ce sport si particulier qui était une manière et un style de vivre où la dimension humaine permettait l’épanouissement et l’enrichissement de chaque individu.
On a appelé le rugby sport-roi parce que nulle part ailleurs les belles qualités de l’homme, les qualités qui font l’homme, ne trouvent un terrain plus favorable pour se révéler.
Amicalement
Notre rugby souffre de sa gouvernance
Notre Président est élu par les 1600 clubs environ affiliés à la F.F.R et passe 90% de son temps à gérer les problèmes de notre équipe de France et des tensions avec la Ligue Nationale de Rugby et les 30clubs professionnels. Donc deux problèmes se posent, occuper 90% de son temps pour 2 % des effectifs de notre fédération me parait disproportionné, ensuite notre système de gouvernance pyramidal amène notre Président à prendre la quasi-totalité des décisions concernant notre sport, alors comment dans ces conditions peut-il se concentrer sur une gestion pertinente du rugby amateur ?
Je pense comme le disait Montesquieu que « Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser », c’est pourquoi actuellement la méthode de gouvernance, le déficit de dialogue, souvent l’autoritarisme et l’exercice solitaire de la décision me semble engendrer une démocratie affaiblie.
Ce système pyramidal, où les dirigeants sont souvent réduits à un simple rôle d’exécutants et les membres du comité directeur de spectateurs est obsolète, je trouve par contre très fécond de croiser l’expérience savante et l’expérience vécue, la réflexion des spécialistes et celles des pratiquants
Je plaide pour une nouvelle conception qui relève d’une sorte de démocratie directe dans laquelle il doit y avoir véritablement des systèmes intermédiaires, des lieux de négociations, de discussions entre la fédération et les ligues régionales, qui elles mêmes représentent l’ensemble des clubs.
Nous souffrons de cette verticalité de la gouvernance d’un coté, de la contestation légitime d’un autre côté ainsi que d’un déficit d’intermédiaires compétents et de médiation entre le haut et le bas de la pyramide.
Pour finir sachez qu’il y a de la grandeur à faire ce qu’on attend de vous
Amicalement
Une SAS en fédérale 3, ou va-t-on ?
C’est une intuition ou une réalité, j’ai l’impression que la ligue de rugby gère l’élite professionnelle, la FFR le rugby professionnel de fédérale et les ligues le rugby amateur à partir de la division d’honneur, ou allons-nous vers une nouvelle organisation du rugby français ?
Autoriser une structure professionnelle en fédérale3 avec un budget de 1 million d’euros, des joueurs sous contrat me parait dangereux au moment où notre pays traverse une crise économique sans précédent, d’autant que le haut niveau admet qu’il vit au dessus de ses moyens ; cette décision va à l’encontre de ces prises de conscience.
En effet sportivement créer des différences importantes et rendre ces compétitions inéquitables et parfois dangereuses, ouvrira inévitablement la porte à des dérives contagieuses, mais surtout causera une concurrence entre les clubs et ainsi provoquera une inflation malsaine ; ce qui déstabilisera encore plus le rugby « dit amateur ».
Enfin la cohabitation et le mélange des genres, de joueurs amateurs et professionnels rendra inexorablement ces championnats anxiogènes.
Notre rugby est décidément tiraillé constamment par des considérations politiques, économiques et éventuellement sportives, alors comment dans ces conditions peut-on se concentrer sur une gestion pertinente du rugby amateur ?
Il et temps, et ce n’est pas le plus simple, de définir ce que l’on entend par « rugby amateur » et surtout comment faire respecter des critères définis en amont afin de dissocier clairement le rugby professionnel du rugby amateur.
Il me parait indispensable de retrouver un modèle économique classique et de respecter, car c’est une valeur fondamentale, tous ceux qui sont impliqués bénévolement dans ce rugby.
Il faut recréer un modèle permettant de protéger et de pérenniser deux entités complémentaires.
Amicalement
Le débat, c’est la base de la démocratie
Un débat me semble nécessaire et indispensable pour clarifier la campagne électorale qui débute, d’autant plus dans une fédération sportive (régie par la loi de 1901) dont l’objet est de rassembler les groupements sportifs qui y sont affiliés ainsi que les licenciés, dans le but d’organiser la pratique sportive à travers les compétitions.
Notre rugby mérite, en effet une confrontation loyale de deux postulants au parcours très éloignés et aux visions différentes pour faire face d’une part, à une crise sans précédent et d’autre part à une gestion controversée de notre fédération.
Refuser ce débat est un aveu de faiblesse d’autant plus que notre Président actuellement en exercice réclamait, lors de la dernière élection, un débat avec le Président sortant. C’est un déni de démocratie ; cet état d’esprit malheureusement exacerbe les luttes de pouvoir qui ne font pas honneur aux valeurs de notre rugby si souvent mises en exergue actuellement ; elles sont inutiles, improductives et incompréhensibles.
Le Président en exercice est apparu comme un candidat idéal, capable de régénérer un système à bout de souffle, mais c’est l’heure du bilan qui doit être évalué sans tabou et dans le respect des hommes et des institutions.
Il me parait essentiel de penser en solidaire plutôt qu’en solitaire, en souhaitant une campagne digne, riche en propositions afin de retrouver le plaisir et la cohérence que procure ce sport.
Le rugby français eldorado du rugby mondial
Alors que nous avons dépassé allègrement la barre des 100 chômeurs et que nous accueillons toujours plus de joueurs venant de tous horizons, y compris un international Samoan en fédérale 3, pourquoi ne pas imaginer l’organisation de compétitions nationales, européennes et internationales, sans aucun doublon.
C’est un véritable contraste avec nos amis anglo-saxons qui malgré la relégation conservent ses stars, qui lui sont restées fidèles et solidaires en acceptant d’évoluer en 2ème division afin de retrouver l’élite au plus vite et ainsi participer à l’opération remontée en premiership.
Que la nouvelle Zélande organise le Super Rugby Aotearoa qui rencontre un succès populaire et sportif indiscutable tout en se focalisant sur une compétition nationale forte, en rappelant que la mission première de chaque pays est de s’assurer que son championnat local réunit la crème du pays.
Décidément nos amis et adversaires ont souvent, voir toujours, un temps d’avance que ce soit au niveau du jeu que de l’innovation et de l’organisation sportive. Il est temps d’inverser la tendance, de penser d’abord sportivement et ensuite de mettre en œuvre des compétitions efficientes en fonction de nos moyens.
Au moment où notre pays traverse une crise économique sans précédent, que notre sport vit au dessus de ses moyens à tous les niveaux de compétition nous avons l’impression que la gestion financière est la seule priorité de nos instances dirigeantes.
Enfin comme le disait Albert Einstein « Si nous ne changeons pas notre façon de penser, nous ne serons pas capables de résoudre les problèmes que nous créons avec nos modes de pensée actuels »