Histoire du Stade Baudouin

Un Projet National

En 1926, à l’occasion de l’annexion de la commune de Laeken par Bruxelles, l’Etat cède les terrains du Plateau du Heysel, jusqu’alors propriétés du roi Léopold II, à la ville de Bruxelles et lui laisse loisir d’y aménager un nouveau centre d’exposition afin de célébrer dignement le centenaire de l’indépendance de la Belgique en 1930. Ce centre, qui doit remplacer avantageusement le Parc du Cinquantenaire, accueillera également L’Exposition Universelle organisée la même année à Bruxelles.

Sous l’impulsion de Joseph Van Neck, concepteur général du plan général d’aménagement du plateau du Heysel, et futur architecte du stade, la ville de Bruxelles propose en 1928 au Conseil des Ministres la réalisation d’un stade olympique National au Heysel. Le projet reçoit le soutient des architectes modernistes du Royaume qui lancent l’appel suivant dans leur revue La Cité:

« Tous les grands pays possèdent un stade destiné aux grandes joutes sportives. Et de même que la Hollande a reçu les athlètes du monde entier, nous serons appelés un jour aussi à recevoir chez nous les champions des sports de toutes catégories. Il faut que nous soyons outillés pour les accueillir comme il convient. »

Le Stade du Centenaire

Le Stade du Centenaire (ou Stade du Jubilé) sera la première construction de l’Exposition Universelle repoussée en 1935. Si la piste en bois de l’enceinte accueille dès le 23 août 1930 les Championnats du Monde de cyclisme sur piste, l’inauguration officielle des installations est cependant reportée au 14 septembre 1930, date de la rencontre célébrant le Centenaire de l’Indépendance opposant la Belgique à la hollande et disputée devant les yeux de son Altesse Royale le prince Léopold.

Les Mondiaux de cyclisme sur piste en 1930

Affichant une forme elliptique, le Stade du Centenaire, qui peut alors accueillir quelque 70 000 supporters, présente une imposante façade dont se détache un portique d’entrée sculpté de bas-relief représentant diverses activités sportives. Ces sculptures, notamment signées par Léandre Grandmoulin et Paul Dubois sont aujourd’hui les derniers vestiges du stade des années 30.

La nouvelle enceinte plait. Dans un numéro spécial de la Vie Sportive réalisé à l’occasion de l’inauguration du stade, le chroniqueur R.W. Seeldrayers salue ainsi la réalisation:

« Par un geste qui prouve une juste conception de la cité moderne, nos magistrats communaux ont doté la capitale et le pays d’un stade national. Nos grandes fédérations sportives, nos sociétés de gymnastique, nos écoles où nos jeunes gens et nos jeunes filles doivent, suivant les conceptions les plus saines de l’éducation, se former dans un harmonieux équilibre de la matière et de l’esprit, accepteront avec une profonde gratitude ce splendide cadeaux »

Durant les années 30, le stade bruxellois s’ouvre à la vie artistique du pays. On peut notamment citer les « Jeux Romains » le 20 septembre 1930, une « Nuit Féérique’ et les ballets de Loïe Fuller.

Le Stade au sortir de la Guerre

A la libération, le Stade du Centenaire retrouve une vocation essentiellement sportive accueillant notamment chaque année la finale de le Coupe de Belgique, et s’impose comme la résidence première des Diables Rouges. L’enceinte accueille également par deux fois l’arrivée d’étapes du Tour de France (1949, 1960), les Championnats d’Europe d’Athlétisme (1950), et même un combat de boxe en 1948 entre Cyrille Delannoit et Marcel Cerdan.

En 1971, l’enceinte s’équipe d’un piste d’athlétisme huit couloirs en Tartan, unique alors en Belgique. L’année suivante pas moins de 5 records du monde sont battus à Bruxelles. A partir de 1977, le mémorial Ivo Van Damme se tiendra chaque année dans le stade bruxellois et s’imposera rapidement comme l’un des plus importants de de la planète.

En 1974, l’enceinte bruxelloise se dote d’un nouveau système d’éclairage, puis l’on aménage de 1977 à 1979 une nouvelle tribune assise couverte en face de la tribune d’honneur, ce sont les premiers travaux d’envergure du stade depuis son ouverture. Le stade peut alors accueillir 60 000 personnes.

Le Drame du Heysel

Entre-temps, le stade était devenu un haut-lieu du football européen, accueillant les finales de la C2 en 1964, 1976 et 1980, celles de la Coupe des Clubs Champions en 1958, 1966 et 1974, mais également la finale de l’Euro 1972. L’enceinte bruxelloise héberge également les rencontres de Coupe d’Europe du RSC Anderlecht qui se sent alors à l’étroit au Stade Emile Versé (Constant Vanden Stock). En 1985, l’enceinte est désignée une nouvelle fois pour accueillir la finale de la C1…

Le 29 mai 1985, Le Liverpool FC et la Juventus de Turin doivent se retrouver au Heysel pour y disputer la finale de la C1. Les supporters de Liverpool sont crains. Déjà, la finale de 1984 entre Liverpool et l’AS Roma avait été marquée par de graves incidents. Les conditions de sécurité du stade du Heysel sont dépassées, et le système de contrôle des tickets inepte, des supporters italiens se retrouvent ainsi côte à côte avec les hooligans anglais…

Plus d’une heure avant le début programmé de la rencontre, la tension entre supporters des deux clubs monte d’un cran. Des fans de Liverpool chargent en direction du bloc italien, les rares gendarmes postés dans le couloir de séparation sont vite débordés et une centaine d’Anglais finissent par envahir le bloc italien. Pris de panique, les Italiens tentent de s’extirper du bloc par tous les moyens, notamment via la pelouse. Sous la pression les grillages et un muret s’effondrent. Des dizaines de personnes sont piétinées. Le drame du Heysel sera l’un des pires de l’histoire du football : 39 morts et 600 blessés.

Le nouveau Stade roi-Baudoin

Les plaies du Heysel pansées, les années 90 sont placées sous le signe de la candidature de la Belgique à l’Euro 2000. Si Bruxelles et le Heysel veulent avoir une chance de participer à l’aventure, l’enceinte bruxelloise doit subir une métamorphose qui passera en premier lieu par un changement de nom. Le 31 juillet 1993, le Roi Baudouin Ier décède, le Heysel portera désormais son nom: Stade Roi-Baudouin.

Le 25 octobre 1993, un accord de protocole est signé entre le pouvoir fédéral (en raison du rôle international du stade), la Ville de Bruxelles (propriétaire de l’infrastructure), la Région de Bruxelles-Capitale, l’ASBL Parc des Expositions Bruxelles et l’URBSFA. La Belgique. Conjointement, ils conviennent de mener à bien la rénovation du Stade du Heysel. La transformation coûtera environ 37 millions d’euros (1,5 milliard BEF).

Après une première phase, entamée en septembre 1994, le stade est solennellement inauguré le 23 août 1995 (Belgique – Allemagne 1-2) en présence de la Famille Royale et de tout ce qui compte un tant soit peu dans le monde du sport belge. Le stade peut alors accueillir quelque 40 000 spectateurs. Signe encourageant, l’UEFA décide la tenue de la Finale des Coupes de Coupes 1996 entre le Paris saint-Germain et le Rapid de Vienne au nouveau Stade Baudoin. Onze ans se sont alors écoulés depuis le drame du Heysel.

L’organisation de l’Euro acquise en juillet 1995, le stade doit subir une nouvelle série de travaux afin de faire répondre l’enceinte aux normes 5 étoiles de l’UEFA. Un balcon est ajouté aux tribunes déjà existante, et la nouvelle tribune II est construite. Les travaux débutent le 27 janvier 1997. L’inauguration de l’enceinte a lieu le 28 août 1998, à l’occasion du Mémorial Van Damme. Le stade et ses 50 000 places accueillera 5 rencontres de l’Euro dont un quart et une demi-finale entre le Portugal et la France.

Rapidement pourtant, de nouvelles critiques sont émises sur le nouveau Baudouin: manque d’espace VIP, absence de séparation en tribune visiteur, des coûts organisationnels élevés, etc. Avec la candidature commune entre la Belgique et les Pays au Mondial 2018, un premier projet de nouveau stade apparaît sur le plateau du Heysel. La Russie choisie, l’idée rebondit en 2013 sous le nom de l’Eurostadium. Le projet se noiera dans les limbes de la politique belge et sera abandonné en 2018.

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