Catalogne: Sport & Reconnaissance internationale

La question de l’indépendance de la Catalogne n’a jamais été aussi brûlante que ces dernières semaines, elle est pourtant latente depuis plusieurs années. La région a notamment cherché à être reconnue comme une entité à part entière par diverses institutions internationales, à commencer par certaines fédérations internationales sportives.

Les sports mineurs, cible privilégiée

Peu visible de prime abord, cette politique s’est concentrée sur les fédérations de sports mineurs ou nouveaux. Une politique qui offre le double avantage de se trouver en face de fédérations internationales demandeuses de nouveaux membres sans être forcément très regardante et de ne pas avoir de fédération espagnole concurrente déjà reconnue.

Aujourd’hui, ce sont ainsi 21 fédérations catalanes qui sont reconnues par diverses fédérations internationales (aucune fédération olympique): Danse country, Beach tennis, Trial, Bowling,  Courses de montagne, Fléchettes, Culturisme naturel, Fistball, Football australien, Futsal (AMF), Futnet, Futvolei, Korfball, Pitch & Putt, Racquetball, Racquettes de neige, Rugby à XIII, Tambourin, Touch Rugby et Twirling.

Dans la plupart des cas, ces reconnaissances ont eu lieu durant la deuxième moitié des années 2000.

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Bientôt sur vos écrans.

Ces sports recouvrent souvent des réalités très différentes. Le Korfball, par exemple, existe en Catalogne depuis 1980 et la Selecció est l’une des meilleures équipes européennes (médaille de bronze lors des derniers championnats d’Europe). Le sport compte environ 1 000 licenciés et 10 000 joueurs scolaires en Catalogne quant il n’en compte aucun dans le reste de l’Espagne. C’est d’ailleurs la première fédération catalane a avoir été reconnue, dès 1997 comme membre provisoire.

A l’inverse, des sports comme le rugby à XIII (malgré la proximité des Dragons de Perpignan) ou le football australien ne semble plus connaitre aucune activité à ce jour. Tant est si bien, qu’il est souvent difficile de mesurer la part d’intérêt sportif et politique derrière ces démarches.

Le cas du Rink Hockey

Modalidade professionnelle en Espagne, le rink hockey reste une discipline marginale à l’échelle du globe. Le sport ne compte sans doute pas plus de 50 000 licenciés à travers le monde et à peine une douzaine de nations compétitives. Forte d’environ 15 000 licenciés, l’Espagne domine le sport, s’adjugeant notamment 6 des 7 derniers championnats du monde.

Problème, la majeure partie de ses joueurs viennent de Catalogne (11 586 selon la fédération catalane). Une dominante que l’on retrouve au plus haut niveau, dont 13 des 16 clubs que comptent la première division nationale (Ok Liga) sont catalans. L’Equipe nationale est également formée d’une écrasante majorité de joueurs catalans, si bien que c’est bien le Catalan et non le Castillan qui est la langue vernaculaire de l’équipe nationale. Un état de fait, dont la presse espagnole s’est déjà émue.

Un catalanisme revendiqué qui n’est pas sans également émouvoir certains joueurs. Notamment, Pedro Gil, sans doute l’un des meilleurs joueurs de l’histoire et natif de Barcelone, qui a été traité de « facho » pour seulement avoir avoué sa fierté d’être espagnol.

La FIRS rentre en jeu

C’est dans ce contexte très particuliers qu’éclate en 2004, le « Cas Fresno« . Le 27 mars 2004, la Fédération Internationale de Roller Sport (FIRS), dont dépend le rink hockey, décide de reconnaître la Fédération Catalane de Patinage comme membre provisoire. Événement doublement exceptionnel. Politique d’abord, puisqu’il s’agit de la première fois (et à ce jour, dernière fois) qu’une fédération catalane est reconnue alors qu’une fédération espagnole l’est déjà, et sportif ensuite, puisqu’il s’agit d’un sport que l’Espagne a l’habitude de dominer et dont elle deviendrait une nation de second plan en cas de reconnaissance catalane.

Première sortie officielle de cette nouvelle équipe lors des Championnats du Monde B tenus à Macao en Octobre 2004 L’équipe domine son sujet, remporte ses 8 matchs, inscrit 78 buts et n’en encaisse qu’un seul. Les Catalans sont logiquement qualifiés pour les Mondiaux A qui doivent se dérouler l’année suivante et où ils pourraient rencontrer l’Espagne. La Catalogne célèbre ses nouveaux héros à leur retour à Barcelone aux cris de « Una nacióuna selecció ! »

A la suite de ces championnats, la Catalogne doit être acceptée comme membre de plein droit lors de l’assemblée générale de la FIRS prévue à Fresno (Californie) le 26 novembre 2004. Surprise, la candidature catalane est rejetée (8 voix pour, 114 contre). Malgré un recours contre le TAS, la décision est confirmée par la FIRS le 24 novembre 2005 à Rome (43 – 125).

Très vite, plusieurs membres de la fédération internationales avouent avoir reçu différentes pressions espagnoles pour refuser la candidature catalane. Le futur président de la FIRS et membre de Forza Italia, Sabatino Aracu est également pointé du doigt. La diplomatie espagnole a joué de ses réseaux pour faire échouer l’aspiration catalane.

La vie après Fresno

A défaut de reconnaissance de la FIRS, la fédération catalane se tourne alors vers… l’Amérique du Sud. En décembre 2006, la Confederación Sudamericana de Patinaje (CSP) accepte la Catalogne comme membre.  Pour David Moner, président de l’Union des Fédérations Sportives Catalanes: « Un Catalogne-Argentine est une partie de niveau mondial. C’est une décision qui n’a rien à voir avec la politique ». On est en droit de ne pas le croire.

La Catalogne dispute ainsi la première Copa Amèrica de l’histoire en 2007 au Brésil. Elle termine seconde battue en finale par l’Argentine. même chose en 2008, avant de remporter le troisième tournoi en 2010 disputé à Vic… en Catalogne. Idem, pour les féminines, sacrées championnes d’Amérique du Sud en 2011. Depuis, la compétition ne s’est plus tenue.

Presentació de la nova samarreta de Catalunya
Pour l’amour du sport.

Désormais, à court de toutes compétitions officielles, la Catalogne se contente de tournois amicaux comme la Copa del Tricentenari organisée en 2014 et à laquelle avait participé l’équipe de France (battue en finale par la Catalogne). Les joueurs catalans portent à cette occasion sur le maillot signée de l’estelada, le drapeau indépendantiste, l’inscription « Catalans want to vote ». Pas de politique, donc.

C’est à ce jour, la dernière sortie de l’équipe catalane.

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