Afrique du Sud 2010: La Coupe des Éléphants Blancs

Waka Waka, nous disait-on. C’était le tour de l’Afrique, nous disait-on. Soit.  Le 15 mai 2004, l’Afrique du Sud était préférée au Maroc et à l’Egypte pour accueillir l’événement-monde. Le dossier de candidature prévoyait de dépenser 2.3 milliards de rands dans les équipements sportifs. « Si nous devons hériter d’Éléphants Blancs, ainsi soit-il » prêchait Desmond Tutu. La facture s’élèvera finalement à 18 milliards dans des investissements pour l’essentiel sans aucun rapport avec les besoins du pays.

The Good

Ellis Park (Johannesburg)
Capacité : 62,567 places
Coût : 500 MR

500 millions ont été investis pour moderniser et agrandir l’enceinte mythique dans laquelle François Pienar à reçut en 1995 des mains de Nelson Mandela le Trophée Webb Ellis. Le stade y a gagné 5,000 places, histoire notamment d’accueillir un quart de finale. Certes, le stade sonne aujourd’hui souvent creux pour les matchs des Lions en Super Rugby (15 à 20 000 spectateurs de moyenne), mais c’était déjà le cas avant 2010, et les Springboks y font leurs meilleures recettes.

Épiderme :  2.5/10 (*)

 

Loftus Versfeld Stadium (Pretoria)
Capacité : 49,365 places
Coût : 131 MR

A Pretoria, capitale ou non, on est peut-être moins bête qu’ailleurs. Ici, pas question de nouveau stade lorsque la ville possède déjà un stade de 50 000 places tout à fait acceptable: Le Loftus Versfeld Stadium. Pour 130 MR, le stade s’est refait une beauté pour accueillir 6 rencontres de la Coupe du Monde. Les Blue Bulls y évoluaient avant et continent d’y évoluer depuis.

Épiderme : 3/10

 

Free State Stadium (Bloemfontein)
Capacité : 46,000
Coût  : 245 MR

Construit pour la Coupe du Monde de Rugby 1995, ce stade n’a subit que quelques travaux de modernisation pour être mis aux normes de la FIFA. Les Cheetahs y évoluaient en Super Rugby jusqu’en 2017 devant 10 ou 15,000 spectateurs. Certes, les affluences ont baissé avec le passage de l’équipe en Pro 14 (6,000), mais au moins, il existe toujours une équipe pour faire vivre l’enceinte.

Épiderme : 4/10

The bad

Nelson Mandela Bay Stadium (Port Elisabeth)
Capacité: 43,000
Coût: R 2.1 B

Rassurez-vous, il y’à pire.

Bien sûr, on aurait pu rénover le stade de rugby de la ville qui avait acceuilli la Coupe du Monde 1995 (Boet Erasmus Stadium, aujourd’hui une ruine abandonnée et squattée). Bien sûr. C’était d’ailleurs ce qui était initialement prévu. Mais évidemment, on ne l’a pas fait. Port Elisabeth ne pouvait pas s’en contenter. Ce qu’on met dedans une fois la Coupe du Monde terminée ? Bah, on verra bien.

Effectivement, on l’a bien vu. Durant toute l’année 2011, l’enceinte de 200 M€ a ouvert ses portes à trois occasions, pour un match de rugby, une exposition et un spectacle.

Heureusement, à partir de 2013, la nouvelle franchise de Super Rugby, les Southern Kings, a accepté de rejoindre le Nelson Mandela Bay Stadium. Depuis, les Kings ont quitté la compétition phare de l’hémisphère sud et ont rejoint l’Europe et Pro 14, ce qui a  permis à beaucoup de s’apercevoir ce que représentait un taux de remplissage de moins de 10%. On se marre une minute, mais c’est tout. Quand au soccer, le Chippa United , y a joué une seule saison, avant de se retirer devant le manque de public.

De 2012 à 2015, le stade a également accueilli l’étape sud-africaine du World Seven.

Épiderme : 6.5/10

 

Royal Bafokeng Stadium (Phokeng)
Capacité : 44,530
Coût : 360 MR

L’ambiance particulière d’un match de PSL

Selon la FIFA, la Coupe du Monde s’est disputée à Rustenburg, mais en réalité, le stade se situait à Phokeng, une ancienne ‘réserve’ de la nation Bafokeng, aujourd’hui un quasi état à l’intérieur de l’Afrique du Sud assis sur une mine de platine et qui possède de nombreuses infrastructures à commencer par ce stade inauguré en 1999 et légèrement rénové pour la Coupe du Monde.

Transféré à Phokeng en 2006, le bien nommé Platinum Black Stars y affiche parmi les plus mauvaises affluences de la Premier Soccer League ne réunissant guère plus de 2,500 spectateurs par match, soit un généreux taux d’occupation de 5%. Mais enfin, les travaux sont restés raisonnables et les coûts de maintenance ne doivent pas être très élevés.

Épiderme : 7.5/10

The Ugly

Mbombela Stadium (Mbombela)
Capacité : 40,929
Coût : 1.05 BR

Et pour le cercueil ! Allez !

Des grèves, une tempête, un changement de nom de la ville hôte (Nelspruit -> Mbombela ), avant même d’être inauguré, le stade avait déjà des choses à raconter. Ah oui, et trois personnes ont été assassinées à la suite d’accusations de corruption (quelle surprise). Cela dit, le truc bien avec les meurtres c’est que les frais de justice en sont considérablement réduits, le stade a été le moins cher des 6 stades construits pour la compétition.

Malheureusement, là aussi, on avait oublié de prévoir une équipe. Et le stade l’attend toujours depuis son inauguration. La franchise Black Aces F.C. qui y évoluait en PSL devant 10 000 spectateurs environ (une des meilleurs affluences de la ligue cela dit) a fermé en 2016 et a été transférée au Cap.

A l’image des autre stades de la Coupe du Monde, la tournée post-mortem de Nelson Mandela s’y est arrêtée. 23 000 personnes y ont assisté, peut-être la meilleure affluence depuis 2010…

Epiderme : 8.5/10

 

Cape Town Stadium
Capacité : 64,100 (55,000)
Coût : R 4.4 B (600 M$)

Les vuvuzelas, eux, sont toujours là

Evidemment que cela ne suffisait pas. Le Newlands Stadium ? L’un des plus importants stade de rugby de la planète avec ses 52 000 places? Pff . Pensez-vous. L’Athlone Stadium, alors ? L’enceinte traditionnelle des townships qui aurait pu être modernisée et agrandie à 40 000 places pour 500 MR? Non ! La FIFA veut du neuf, du beau. Va donc pour un nouveau stade.

Ce sera le Cape Town Stadium battit sur la commune de Green Point,  “le choix le moins désirable, tant du point de vue social qu’économique”, mais qui donne droit à de jolis panoramas. ‘The Most Beautifull Stadium in the world” selon la FIFA pour qui « un milliard de téléspectateurs ne veulent pas être confrontés aux bidonvilles et à la pauvreté ». 4.4 Milliards de Rands ont été engloutis dans ce nouveau stade, soit à l’époque, le deuxième plus cher de l’histoire de la Coupe du Monde.

Actuellement, deux dubs (Ajax Cape Town et Cape Town City) y résident, mais aucun ne dépasse 7,000 spectateurs de moyenne et personne na encore réussit à convaincre les rugbymen du Stormers de quitter leur stade de Newlands. 

Entre deux concerts très occasionnels, le stade s’ouvre pour des visites, des mariages ou des fêtes d’anniversaire. Des ressources marginales qui n’ont d’autre intérêt que de faire croire que le stade a une utilité,

En 2012, une association de citoyen avait même demandé de raser le stade et d’y construire des logements à la place. Même le Consortium du Stade de France, qui s’y connait pourtant en matière d’éléphant, a préféré jeter l’éponge dès 2010, laissant la collectivité éponger seule la centaine de million de rand de perte annuelle.

Épiderme : 8.5/10

 

FNB Stadium (Johannesburg)
Capacité : 94,700
Coût : 3.3 BR

L’ennuyeux avec le orange, c’est que c’est voyant.

Inauguré en 1989 et site de la finale de la CAN 1996, le stade 80 000 places situé près de Soweto qui avait vu Nelson Mandela donné son premier discours public à sa sortie de prison ne pouvait pas ne pas faire partie de la liste des sites retenus. La charge symbolique était trop forte.

Le projet initial prévoyait seulement la pose d’un toit et l’ajout d’un anneau pour porter la capacité à 90 000 places. Une extension qui se serait limitée aux besoins de la Coupe du Monde ? Allons, bien sûr que non. Le stade de la finale devait être un joyaux architectural, un lieu emblématique représentant “une Afrique unie et solidaire” (ok ?). Une gourde de couleur crue, la calebasse, en devient visiblement le symbole, soit.

Initialement estimés à 1,4 Milliard de rand, les coûts du stade terminent leur course à plus de 3 milliards. La demi-douzaine de rencontres internationales (Bafanas et Springboks) et les quelques concerts occasionnels qui y ont été accueillies depuis sont évidement loin de rentabiliser l’investissement. Quant au club des Kaiser Chiefs, qui en a fait son stade principal, il n’y attire généralement qu’un peu plus de 10 000 spectateurs, seul le derby de Soweto face aux Orlando Pirates permet de remplir à peu près correctement l’enceinte.

Épiderme : 8.5/10

 

Peter Mokaba Stadium (Polokwane)
Capacité : 45,500
Coût : 1.245 BR (120 M€)

Un match de Coupe du Monde qui ne fait pas le plein, imaginer après…

Pietersburg Polokwane, capitale du Limpopo. Avant la Coupe du Monde,  y siégeait un stade constitué d’une piste d’athlétisme et d’une seule tribune. C’était certes rudimentaires, mais suffisant pour les besoins du sport local. Mais sans doute que la Province du Limpopo ne pouvait être laissée de côté, donc on a y construit un stade moderne de 45 000 places à une centaine de mètres de l’ancien. C’est dans ce stade que la France a été ridicule face au Mexique devant 10 000 sièges vides.

Aujourd’hui, deux clubs de soccer (Polokwane City FC, Baroka FC)  se partagent les faveurs de la ville, attirant à eux deux moins de 7 000 spectateurs au Peter Mokaba Stadium.

Épiderme : 9/10

 

Moses Mabhida Stadium (Durban)
Capacité : 62,760
Coût : R 3.4 B (380 M$)

Le plus beau stade de saut à l’élastique du monde, le seul aussi.

Quelle belle arche ! Oui, ce sera la deuxième la plus fameuse au monde !. Et puis, on pourra la voir de la lune, une fois illuminée !

Ah, mais pas seulement. De forme ovale, le stade devait permettre à Durban de courir vers son rêve olympique. Première étapes, les Jeux du Commonwealth devaient s’y tenir en 2022. La Fédération du Commonwealth a préféré retiré les droits d’organisations au comité sud africain visiblement incapable de mener à bien le projet. Autant dire que pour les Jeux, les vrais, c’est mal barré. C’est dommage on avait déjà prévu une future expansion à 84 000 spectateurs.

Pour le reste… Les Sharks (Super Rugby) qui habitent à deux pas au King’s Park Stadium ne souhaitent pas déménager malgré les démarches de la ville. Le AmaZulu F.C (Premiership) lui évolue sur un stade excentré, le Princess Magogo Stadium… rénové en 2009 pour servir de camp d’entrainement à la Coupe du Monde.

Sans club résident, le stade se contente de quelques rencontres occasionnelles . Match international de Cricket en 2011, finale de la Coupe en 2014, Match des Barbarians français en 2006, etc. Sinon, le festival Top Gear s’y est déroulé en 2014, et l’enceinte accueille les base jumpers du monde entier. Ah, mais oui, cette arche, c’est vrai.

Comme au Cap, certains (à commencer par l’opposition municipale) ont demandé la démolition du stade sitôt le Mondial achevé.

Epiderme : 9.5/10

 


Epiderme: Taux de blancheur de l’éléphant en question (établi selon une méthode scientifique éprouvée bien entendu).(retour)

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