Les Sud-Africains bientôt dans le Tournoi des Six Nations ?

Selon la presse britanique, l’intégration de l’Afrique du Sud à partir de 2024 dans le Tournoi des Six Nation Sud serait en bonne voie. Si elle se concrétisait, l’arrivée des Champions du Monde en Europe chamboulerait toute la face du rugby mondial.


L’idée d’un Tournoi étendu à neuf équipes avec le Japon, les Fijis et l’Afrique du Sud avait été évoquée la semaine dernière par le Président de la Fédération Française de Rugby Bernard Laporte. A en croire le Daily Mail, il ne serait en réalité uniquement question que des Champions du Monde 2019 qui pourraient intégrer la compétition européenne après la Coupe du monde 2023. Les choses se « mettraient gentiment en place » selon le tabloid anglais.

L’intégration des Springboks ne se ferait pas au dépens de l’Italie (ou d’une autre équipe). Le tournoi des Six Nations deviendrait celui des Sept Nations. Actuellement, la compétition dispose d’une fenêtre internationale (pendant laquelle les clubs ont l’obligation de mettre leurs joueurs à la disposition des équipes nationales) de sept semaines, suffisante pour un éventuelle expansion à sept équipes si l’on supprime l’une des deux journées de repos.

Que les Sud-Africains aient le regard tourné vers le nord n’a rien de nouveau. C’est un thème qui revient chaque année dans la presse de leur pays. La taille du marché européen et des fuseaux horaires compatibles avec les leurs sont de trop belles perspectives pour être ignorées.

Quid du rugby européen ?

Une compétition, n’importe laquelle, n’est pas qu’un agglomérat d’équipes plus ou moins compétitives. C’est aussi, une identité, une histoire, une culture. Le sel des Six Nations, anciennement Cinq Nations, ce sont des rivalités séculaires traduites sur un terrain de rugby, c’est aussi une proximité géographique et culturelle. L’arrivée d’une équipe issue d’un autre continent situé à plus de 10.000 kilomètres transformerait irrémédiablement l’identité du tournoi. Pour le meilleur ou pour le pire.

Pour les nations européennes qui ne sont pas membres des Six Nations, une telle décision serait aussi jugée comme un affront. Particulièrement par la Géorgie, vainqueur de chaque édition du Championnat Européen International de Rugby (aka « Six Nations B ») depuis 2008 et qui depuis n’a eu de cesse de demander son intégration au tournoi soit par un mécanisme de promotion/relégation entre les deux compétitions ou par l’extension du Tournoi à 7 ou 8 équipes.

C’était d’ailleurs l’une des promesses de Bernard Laporte quand il était à la recherche de voix pour que la France soit désignée organisatrice de la Coupe du Monde 2023.

Le rugby, un duopole

Le rugby est  (était ?)  un drôle d’objet sportif international qui contrairement à la plupart des autres sports professionnels ne se résume pas à un seul pôle d’attraction (penser à l’Europe en Football ou aux Etats-unis en basket), mais à deux: l’un européen et l’autre autour des nations de l’hémisphère sud.

Avec la professionnalisation du rugby et la fin de l’Apartheid, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Afrique du Sud s’étaient regroupées au sein d’une alliance (SANZAR) et avais mis sur pied des compétitions (le Super Rugby et le Rugby Championship) à même de rivaliser avec celles du Nord, voire de les surpasser. Le départ des Sud-Africains signifierait la fin de cette union et des rêves de pouvoir encore rivaliser avec l’Europe.

Carte des franchises sud-africaines

L’alliance sudiste avait déjà été écornée en 2017 avec le départ pour l’Europe et le Pro 14 de deux franchises sud africaines: les Southern Kings et les Cheetahs. Si les Springboks venaient à les rejoindre sur le Vieux Continent, le rugby sud-africain serait nécessairement amené – ne serait ce que pour des raisons de calendrier – à mettre tous ses œufs dans le panier européen et d’en finir avec le Super Rugby pour ses 4 dernières franchises qui y évoluent encore: les Bulls, les Lions, les Sharks et les Stormers.

Les dirigeants du Pro 14 ne verraient sans doute pas d’un mauvais oeil l’arrivée de ces nouvelles équipes et surtout des droits TVs qui les accompagneraient. SuperSport débourse déjà 10 M€ par an pour diffuser la compétition dans la nation arc-en-ciel. Le nombre d’équipes dans l’ex Celtic League serait alors portée à 18. Il faudrait faire preuve d’un peu d’imagination pour faire fonctionner le tout, mais les dirigeants du Pro 14 ont déjà su démontrer qu’ils n’en manquaient pas.

Le rugby sud africain pourrait même voir l’opportunité de rapatrier ses six franchises professionnelles au pays et de créer ainsi un championnat 100% sud africain en les mariant avec les équipes qui disputent la compétition historique: la Currie Cup. Ce nouveau championnat pourrait ainsi envoyer ses meilleures équipes en Coupe d’Europe au même titre que les trois autres ligues professionnelles européennes.

Le rugby australien et néo-zélandais en péril

La Nouvelle Zélande, ses 5 millions d’habitants, et l’Australie, son rugby (à XV) en crise perpétuelle et dans l’ombre des autres sports (football australien, rugby à XIII, cricket…) seraient alors livrées à leur propre sort, avec les seuls Argentins comme compagnons, eux mêmes bien incapables d’apporter le moindre support économique à l’entreprise. Privés des recettes TV sud africaines (qui représenteraient près de la moitié du total actuel), l’espoir de rivaliser économiquement avec l’Europe et de conserver ses stars à la maison deviendrait rapidement parfaitement illusoire.

Pour les deux pays océaniens, le Japon et son marché de 120 millions d’âmes aurait pu être une planche de salut économique. Mais ceux qui ont récemment chassé les Sunwolves de leur compétition ne risquent pas de trouver une oreille bienveillante au pays du soleil levant.

 

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Comments

  1. Faut-il y voir ici un premier effet de l’arrivée du fond d’investissement CVC dans le Tournoi des Six Nations ? Probablement.

    Pas sûr que la perspective d’une nouvelle date bloquée réjouisse la LNR.

    Mais c’est quand même rageant de voir que les Six Nations n’envisagent pas un seul instant de briser le « plafond de verre » du rugby européen. Quitte à intégrer une septième nation, un système qualifiant le vainqueur du tournoi européen pour l’édition suivante aurait déjà été un mieux. La Géorgie l’aurait joué au moins deux saisons sur quatre.

    Ce n’est pas complètement juste sportivement, mais ça aurait au moins amélioré le schmilblic.

  2. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée que d’autres nations participent à ce tournoi. Cette compétition a toujours été réservée aux pays européens et cela ne devrait pas changer, selon moi. Si cela t’intéresse, je consulte souvent des sites de sport comme : https://www.clicnscores.fr/, pour lire des infos sur le rugby. En tout cas, j’ai vraiment hâte que les matchs reprennent normalement.

    À+

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