L’annonce est désormais officielle, les Sunwolves, franchise japonaise évoluant en Super Rugby depuis 2015, ne feront plus partie de la compétition sudiste à partir de 2020.
La décision tombe au plus mal à quelques mois de l’ouverture de la première Coupe du Monde de Rugby disputée au pays du Soleil Levant. Mais là n’est pas l’essentiel.
La naissance des Sunwolves n’a jamais eu le moindre rapport avec la Coupe du Monde 2019 ou la sélection japonaise. Ce genre de considération n’existe pas dans le rugby mondial. Au mieux, elles servent de justification pour le grand public. Ici, il s’agissait seulement pour les nations du Sud (Sanzaar) de s’accaparer de nouvelles ressources.
La Nouvelle-Zélande (limitée par la taille de son marché domestique), l’Australie (concurrencée par de nombreux autres sports) et l’Afrique du Sud (affaiblie par l’économie de son pays) ne peuvent pas à elles seules rivaliser avec les marchés du Nord, de la France et de l’Angleterre en aprticuliers. Si ces pays souhaitent conserver leur joueurs (ou au moins les retenir le plus longtemps possible), rejoindre de nouveaux marchés n’est plus une question de choix, mais devient une obligation.
120 millions d’habitants, 5000 milliards de PIB, un statut enviable de 3e économie mondiale. Forcément, vu de Christchurch ou de Pretoria, le Japon doit donner envie.
La Caverne était vide
Sans doute, les nations du Sud espéraient en offrant en 2015 un strapontin aux Japonais que celui-ci serait couvert d’or. Il n’en a rien été. La participation des Japonnais en Super Rugby n’a pas apporté de nouvelles ressources aux franchises du Sud. Pour cela, il aurait fallu du temps et de la persévérance.
Dans un monde idéal, le Japon se serait vu proposer deux franchises dès 2015 avec la promesse à terme d’une conférence 100% japonaise forte de 4 ou 5 équipes. En contrepartie, le Japon aurait pu offrir la mise à mort de la Top League, son – très riche – championnat corporatif domestique. Là, oui, une union entre le Japon et les nations du Sud aurait pu être mutuellement profitable. Mais cette entente aurait mis des décennies à porter ses fruits.
Seulement du temps, les nations du Sud n’en ont pas. Elles ont besoin de ressources maintenant si elles souhaitent rester compétitives. Une vision à court terme a donc prévalu sans penser aux intérêts à long terme des deux parties. Par exemple, les Japonais se sont vus imposer de jouer certaines de leurs rencontres « à domicile » à Singapour dans un stade à 90% vide afin de simplement économiser quelques rands en frais de déplacement… Au diable, le besoin d’identification du public japonnais à son équipe.
En fin de compte, les Sudistes se sont remis à ce qui pourrait s’apparenter à de l’extorsion en demandant aux Sunwolves des frais de participation auxquels aucune autre équipe n’était soumise: 1 milliard de yen (8 M€). Une demande « non négociable ». Effectivement, elle ne sera pas négociée et les Japonnais vont quitter le navire.
C’est une opération blanche pour le Sud qui n’a rien gagné à la participation durant 4 ans des Sunwolves à son championnat. Pire, les trois nations se sont sans doute fermées de manière définitive les portes du marché japonnais.
Un bel exerce d’auto-sabordage donc.
Sanzaar va sans doute reprendre son bâton de pèlerin, aller toquer à droite ou à gauche à la recherche de quelques dollars égarés. Probablement, parlera t-on de nouveau de l’Amérique du Nord. Mais qui peut croire que ce qui a été un échec hier au Japon pourrait demain se transformer en réussite aux Etats-unis ou au Canada ?
Préparez-vous à ce que vos clubs respectifs accueillent bientôt tel ou tel international – en titre – Néo-Zélandais ou Australien, car le Sud va rapidement manquer d’options.