Le tennis français, ce n’est pas que Roland Garros, c’est aussi tout un maillage de tournois ATP, WTA ou Challenger, dont beaucoup ont disparus au fil des ans. Parmi ceux-là, quelque-uns ont plus marqué l’histoire que d’autres.
Open GDF Suez (1993-2014)
Pour sa première en 1993, l’Open Gaz De France s’offre une affiche royale en finale entre Martina Navratilova et Monica Seles, toutes deux anciennes numéro 1 mondiales. La moitié des 22 éditions du tournoi parisien seront d’ailleurs remportées par des joueuses classées à la première place dans leur carrière.
Après une première année passée au Zénith de Paris, l’Open Gaz de France déménage au Stade Pierre de Coubertin construit en 1937 à l’initiative de Jean Borotra et où s’était disputé jusqu’au début des années 80 l’Open de Paris (renommé Open Jean Becker, puis Open Crocodile).
En 2014, le troisième tournoi en France (masculin ou féminin) le plus richement doté après Roland Garros et Bercy, perd le soutient de GDF qui lui avait été fidèle depuis ses débuts 20 ans plus tôt. Sans son sponsor majeur, il devient alors impossible pour IMG France, propriétaire de l’Open, d’assumer les 710 000 dollars de prix.
Un temps, IMG croit avoir trouvé un accord avec la ville de Toulouse et la Dépêche du Midi pour un déménagement dans la ville rose, mais l’élection du maire UMP, Jean Luc Mooudenc, qui refuse de délivrer une subvention d’un peu plus d’un million d’euros promises par l’ancienne municipalité met fin au projet.
Et aujourd’hui ? Le tournoi a été transféré à Anvers où il existe toujours, tandis que le Stade Pierre de Coubertin n’a plus accueilli de tennis depuis la fin de l’open parisien.
Grand Prix (ou Open) de Toulouse (1982-2000)
Au début des années 80, Toulouse est la seule grande ville française sans son ‘Palais des Sports’. Cette hérésie est corrigée grâce à l’initiative de Christian Bîmes, président de la ligue régionale de tennis, qui avec quelques figures de la vie sportive locale fonde une société pour fournir un projet clé en main à la municipalité qui aboutit en février 1983.
L’open de tennis de la ville crée par ce même Christian Bîmes un an plus tôt au Palais des Exposition y déménage aussitôt.
En 1988, le tournoi doté de 225.000$ (pour comparaison, Roland Garros offre alors un prize pool d’un peu moins de deux millions de dollars) accueille une finale de rêve entre Jimmy Connors et John McEnroe (6-3, 6-3) diffusée en direct sur FR3. L’open toulousain inscrit également Yannick Noah ou Guy Forget à son tableau d’honneur.
L’explosion de l’usine AZF en 2001 aura des conséquences dramatiques pour la ville, y compris sur le plan sportif. Le Palais des Sports n’est plus utilisable (il sera entièrement reconstruit en 2006), le tournoi doit déménager. Il quitte le Midi pour Metz où il prend le nom de Tournoi de Moselle.
Et aujourd’hui ? La section tennis du Stade Toulousain organise un tournoi annuel qui se déroule sur ses courts situés à côté du Stade Ernest Wallon. En 2020, le tournoi a intégré le circuit Challenger. C’est la première fois qu’un tournoi toulousain est classé aussi haut depuis la fin du Grand Prix.
Grand Prix de Tennis de Lyon (1987-2009)
Lyonnais de naissance et ancien 65ème mondial, Gilles Moretton fonde en 1987 le Grand Prix de la ville (GPTL pour les intimes). Yannick Noah devient le premier vainqueur de la moquette lyonnaise.
Le tournoi connait ses plus belles heures au début des années 90 qui voient Pete Sampras y triompher à trois reprises. Malgré un plateau en retrait, le Grand Prix Lyonnais conservera sa popularité, en accueillant 60.000 spectateurs à chaque édition jusqu’aux années 2000.
Après plus de 20 ans au service du tennis lyonnais, Gilles Moretton est licencié en 2008 de son poste de directeur du tournoi lyonnais par son nouveau propriétaire Canal+ Events qui obtient égalent de l’ATP la suppression de l’épreuve et son remplacement par un nouveau tournoi organisé à Montpellier dans la nouvelle Arena que la ville s’apprête à inaugurer.
Et aujourd’hui ? Depuis la fin du GPTL, la ville de Lyon a retrouvé pas moins de 3 tournois professionnels. D’abord un Challenger organisé depuis 2016 sur les cours du Tennis Club de Lyon, ensuite un ATP 250 installé au Parc de la Tête d’Or et enfin depuis cette année un WTA qui a retrouvé le Palais des Sports de Gerland, plus de 10 ans après la fin du Grand Prix Lyonnais.
Open de Nice (1971-1995)
En 1971, trois ans après les début de l’ère Open, Nice devient la deuxième ville française à accueillir un tournoi de ce que l’on appelle encore le Grand Prix. Jusqu’à 1979, l’open azuréen restera d’ailleurs le seul tournoi professionnel disputé en Province.
Organisé par le Nice Lauwn tennis Club sur ses cours en terre battue du Parc Impérial, le tournoi connait une existence chaotique qu’illustre ses très nombreux changements de sponsor et de nom (un tous les deux ans en moyenne). Le tournoi disparaît en 1995 dans une certaine indifférence.
Nice réapparaît au calendrier en 1998 et 1999 pour deux éphémères éditions sur le circuit Challenger, puis à partir de 2010 de nouveau sur le circuit ATP. La capacité limitée d’accueil des courts du Parc Imperial imposeront aux propriétaires du tournoi un déménagement pour Lyon et son Parc de la Tête d’Or
La ville avait aussi tenté à deux reprises l’aventure du tennis féminin. Deux fois, ces tournois ne connaîtront qu’une seule édition. En 1988 avec le Tennis Ladies Open et en 2001 avec les Internationaux de Nice disputées sur la moquette du Palais des Expositions et remportés par Aurélie Mauresmo.
Et aujourd’hui ? Monte Carlo, c’est la porte à côté…
Grand Prix Passing Shot (1979-1995)
Durant, la saison 1979, deux tournois français s’ajoutent au calendrier international: l’Open de Loraine disputé alternativement à Nancy et à Metz et le Grand Prix Passing Shot qui s’installe sur les courts en terre battue de la Villa Primrose à Bordeaux.
Le tournoi est organisé par Jean Pierre Derose, grande figure du sport bordelais et éphémère repreneur en 1991 des Girondins de Bordeaux.
Doté de 50.000 $ pour sa première édition remporté par un jeune espoir nommé Yannick Noah, le tournoi portera son prize pool à 350.000 € pour sa dernière en 1995 remportée par le Sénégalais Yahiya Doumbia. Suite à la fin du Grand Prix Bordealais, Jean-Pierre Derose essaiera de se recycler du côté du Pays Basque et de St-Jean-De-Luz où il créera en 2003 un tournoi indoor au trinquet de la ville resté célèbre pour la dernière victoire de Richard Gasquet sur Rafael Nadal.
Et aujourd’hui ? En 2008, le club de Primrose a relancé un tournoi dans le circuit secondaire, aujourd’hui doté de 125.000 $ et parmi les plus appréciés de la deuxième division. Si Bordeaux et Primrose voulaient un jour retrouver un tournoi ATP, il faudrait alors quitter l’enceinte du club qui n’est plus aujourd’hui capable d’accueillir les meilleurs tennismen du Monde.