Le Racing Club de Lens
1906. Le Racing Club de Lens, fruit de la réunion des « Gallibots » (surnom des jeunes mineurs de la région) et d’étudiants autour d’une passion commune pour ce drôle de sport venu d’outre-Manche, est fondé. Ces jeunes gens évoluent dans un premier temps derrière un kiosque à musique sur la Place Verte (actuelle Place de la République). Mais l’expérience est de courte durée. A la suite d’une plainte des riverains, les footballeurs sont invités à aller jouer à la balle ailleurs, un peu plus loin dans une pâture à vaches… Mais la passion des « Mordus », comme il est alors coutume de les appeler ne plait pas à tout le monde, et les footballeurs sont priés de nouveau d’aller voir ailleurs…
Entre-temps, la Société des Mines de Lens, premier employeur de la ville et de sa région, commence à s’intéresser à ce nouveau sport. La société, dirigée par Edouard Bollaert — père de Félix Bollaert — offre même de prêter un terrain aux jeunes sportifs. Les footballeurs n’y évolueront que quelques années. En 1912, la société reprend possession du terrain pour y construire des logements miniers, et oblige le club à déménager de nouveau, cette fois-ci pour le terrain des Glissoires situé entre Avion et Lens.
La Première Guerre Mondiale contraint le RCL à stopper ses activités. Une fois la paix gagnée, les footballeurs lensois ne peuvent que constater l’étendue des dégâts. Tout est en ruine; les constructions ont été rasées, plus un pan de mur ne tient debout, tous les terrains sont retournés… Mais plus grave, le club a perdu cinq éléments disparus au front ainsi que son président.
Grâce au Comité de secours américain, le RCL retrouve un nouveau terrain d’entrainement sur une ancienne piste d’entraînement pour chevaux de course. Le club prendra même un temps le nom d’Union sportive du foyer franco-américain (USFFA). En 1922, le club qui a repris son identité retrouve par la même occasion le terrain des Glissoires. Oh pas bien longtemps, seulement le temps de déménager deux ans plus tard dans le tout récent Stade Municipal Raoul Briquet (aujourd’hui Léo-Lagrange). C’est d’ailleurs à cette occasion que les Lensois arborent pour la première fois une tunique sang et or.
Le club se découvre un peu de stabilité, les premières vedettes étrangères accourent à Raoul Briquet, et en 1929, le club accède à la Division d’Honneur. Dans le même temps, Félix Bollaert, qui a pris en 1922 la succession de son père à la tête de la Société des Mines de Lens, favorise la renaissance des sociétés musicales, sportives et militaires. La crise de 1929 qui voit le chômage se développer dans la région – certains puits tournent au ralenti – va pousser le directeur des mines à réfléchir à l’opportunité que pourrait constituer la construction d’un stade qui serait susceptible de donner du travail à ses ouvriers alors au chômage…
Le Stade des Mines
Fin 1929, Félix Bollaert termine l’acquisition des terrains nécessaires à la construction du futur stade. A partir de 1931, 180 mineurs de la fosse 5 qui se trouvaient alors sans activité sont affectés à la construction d’un stade sur des terrains vagues entre les carreaux des Fosses 1 et 9, propriété des Houillères du Pas-de-Calais. La réalisation du site est censée suivre le modèle tracé par le stade des Mines de Béthune qui selon la presse (locale) de l’époque serait « le plus beau de France ». Les travaux prendront fin en 1934. De forme ovale constitué d’une seule tribune, le stade n’a alors pas grand-chose du stade tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Par ailleurs, la fédération accepte le 1er janvier 1934 la professionnalisation du Racing Club de Lens. Le RC Lens pourra désormais concourir au sein de la deuxième division. La société minière propose alors de mettre à la disposition du club son stade flambant neuf, ce que le RC Lens accepte immédiatement. Ainsi, fin juin 1934, les Sang et Or disputent leur première rencontre professionnelle au « Stade Officiel ». L’enceinte ne sera baptisée Félix Bollaert que deux ans plus tard, à la suite du décès de ce dernier en décembre 1936.
Les années 50 sont fastes pour le football lensois, le Racing s’inscrit durablement dans le paysage de la première division, et bientôt s’impose comme un club leader du football français. Les houillères, qui possèdent toujours Bollaert va engager un certain nombre de travaux pour moderniser Bollaert; on peut notamment citer l’installation des premières installations nocturnes le 20 avril 1954, et l’aménagement des « Secondes » en face de la tribune d’honneur.
Des mines à la mairie
La fin des années 60 voit les houilles péricliter un peu partout en France, et celles de Lens sont particulièrement touchées. En 1969, la direction des mines lensoises annonce qu’elles cessent de financer le club et abandonnent le football professionnel. Le Racing et Bollaert sont laissés à leur propre sort. Mais bientôt, la mairie s’intéresse de nouveau au club, engage des volontaires et les subsides nécessaires à la survie du club. Finalement, la chute d’un bloc de béton de la toiture de la tribune d’honneur survenue au cours de la rencontre Lens-Nancy en 1973 décidera les Houillères à céder le stade à la municipalité pour un franc symbolique le 1er avril 1974. Cet acte mettait fin à 40 ans de collaboration entre football et houille en terres lensoises.
Sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, Bollaert allait prendre un nouveau visage. Après les premiers travaux nécessaires à la sécurité du site, la municipalité met en chantier une grande tribune droite de 12 000 places, en lieu et place du virage ouest: la Tribune Henri Trannin, inaugurée le 4 décembre 1976.
Dans la foulée, le club se qualifie pour sa deuxième Coupe d’Europe en trois saisons (C1 en 1975, suivie de la C3 en 1977) et la mairie de mettre en œuvre de nouveaux chantiers: refonte des Secondaires pour créer la tribune Tony Marek qui pourra accueillir jusqu’à 10 000 personnes debout (c’est de cette époque que les supporters lensois tiennent l’habitude de se regrouper dans cette partie des latérales, et non dans un virage comme il est de coutume), et ajout d’un étage, « les panoramiques » (actuelle Tribune Xercès Louis), à cette même tribune qui, lui, accueillera 5 000 personnes toutes assises. L’ensemble sera ouvert au public au cours de l’année 1978.
Euro 84
C’est une véritable métamorphose à laquelle on assiste. Suite à l’action de la municipalité, Félix Bollaert est devenu en quelques années un des stades les plus impressionnants de France pouvant accueillir près de 38 000 personnes, et dont l’architecture carrée dénote dans le landernau footballistique français. La perspective de l’Euro 84 allait apporter la touche finale à cette métamorphose, offrant à l’enceinte lensoise la possibilité de devenir le plus grand stade français pour les 15 années à venir.
Ce nouveau chantier débute fin 1982. Le 10 septembre, la première pierre du projet est posée par Madame Edwige Avice, Ministre de la Jeunesse et des Sports. Les travaux concernent entre autres: l’aménagement des bureaux du RCL, la construction d’une tribune de presse et d’une tribune pour handicapés, l’amélioration de l’éclairage, l’ajout à la tribune d’honneur (tribune Lepagnot) d’un étage de 3 600 places assises… et, last but not least, la réalisation d’une quatrième tribune (tribune Delancourt) de 20 000 places debout ! Cette dernière tribune va façonner de manière définitive l’image d’un stade « à l’anglaise », mais va surtout permettre à Lens de se targuer de posséder du plus grand stade de France (51 000 places). Ce qui, somme toute, n’est pas si mal pour une ville de 36 000 habitants.
Bollaert doit d’ailleurs son record d’affluence à cette nouvelle configuration et à un Lens-Marseille du 15 février 1992 suivi par 48 912 supporters. Un record qui fut d’ailleurs également le record d’affluence pour un match de première jusqu’à la rénovation du Stade Vélodrome.
De France 98 à l’Euro 2016
En 1992, la France est désignée pour accueillir la Coupe du Monde 1998. Trois ans plus tard, les dix villes-hôtes sont révélées. Lens fait évidemment partie des heureux élus et deviendra la plus petite ville à héberger une rencontre de Coupe du Monde !
Trois des quatre tribunes sont entièrement reconstitutes. Dès juillet 1995, la plus ancienne des tribunes – la Tribune Trannin — disparaît avant d’être reconstruite et ouverte au public en février 1996. La Delacourt, qui lui fait face, suit le même chemin, sa reconstruction étant achevée en août de la même année. L’érection, un an plus tard, de la nouvelle tribune Lepagnot marque l’achèvement des travaux. La reconstruction de ces tribunes permet par ailleurs l’aménagement ou la rénovation de nombreux services: système de vidéosurveillance interne et externe, éclairage encore amélioré, nouveaux vestiaires, nouvelles salles de réception, etc. Le « nouveau » Félix Bollaert — dont la capacité a été revue à la baisse avec 41 649 places toutes assises — est inauguré le 11 octobre 1997 par une visite de l’équipe de France qui vient y défier l’Afrique du Sud.
Pendant les années 2000, l’ordinaire à Bollaert continue de s’améliorer: aménagement à l’été 2004 de nouveaux salons intérieurs, déménagement des bureaux du stade sous la tribune Delacourt, installation entre les tribunes Lepagnot et Trannin d’une tour de sécurité, suppression d’une partie des grillages, aménagement début 2007, de deux écrans géants dans l’optique de la Coupe du Monde de Rugby (3 rencontres se sont déroulées à Bollaert dans le cadre de cette compétition), etc.
En 2010, la France est de nouveau choisi pour accueillir une rencontre majeure: l’Euro 2016. Un nouveau plan pour Bollaert est étudié par le club (qui jouit depuis 2002 d’un bail emphytéotique de 50 ans sur le stade). Il doit permettre de fermer entièrement l’enceinte et de porter sa capacité à 44 000 places. Malheureusement, les problèmes financiers et sportifs du RC Lens empêcheront ce premier projet estimé à 111 M€ de se réaliser.
Le nouveau Bollaert est repris en main par les collectivités avec une ambition revue à la baisse et dont la capacité baissera à 38 223 après travaux. Le coût de ces derniers travaux a été estimé à environ 70 MF.