Histoire d’Ernest Wallon: des Ponts Jumeaux aux Sept Deniers

Le Terrain du SOEVST

Avec Bordeaux, Toulouse est la première ville de province à tenir un rôle primordial dans le rugby français. Dès 1899, quelques étudiants regroupés au sein du Stade Olympien des Etudiants de Toulouse (SOET) tapent leurs premiers ballons sur la Prairie des Filtres. Les premiers résultats n’attendent pas. En 1903, les étudiants disputent sur leur terrain la finale du championnat de France contre le Stade Français. Les Toulousains s’inclinent ,mais créent des vocations. Le Sport Athlétique Toulousain et l’Union Sportive de l’Ecole Vétérinaire accompagnent bientôt le club.

Prairies 2
La mythique praire des Filtres, là où tout débuta pour le rugby toulousain

En 1905, le SOET s’installe sur un nouveau terrain à Bourrassol, bien trop excentré pour y faire à venir à lui les foules toulousaines.

Le club ne reste qu’un an à Bourrassol et s’installe à l’automne 1906 dans le quartier des Ponts-Jumeaux sur des terrains de sept hectares achetés à une certaine Madame Sals. Situé en bord du canal latéral, le SOET y trouve 3 terrains de rugby, et 1 d’association. Des tribunes pouvant accueillir 500 spectateurs sont aménagées le long du le terrain d’honneur où l’équipe première jouera. De grands arbres protègent le public du soleil et les joueurs du vent. Le tramway dessert presque directement ces nouvelles installations.

Rien de tout cela n’aurait été possible sans la création à initiative du président du Stade Toulousain Ernest Wallon, d’une société immobilière: « Les Amis de Stade Toulousain ». 60 000 francs sont ainsi réunis, Wallon lui-même apportant 10 000 francs à la société.

L’année suivante, le SOET s’unit avec le Véto Sport pour former le Stade Olympien et Véto Sport Toulousain (SOEVST), une appellation bientôt rectifiée en Stade Toulousain Bien sûr, on jouera aux ponts-Jumeaux.

Ce nouveau club ne tarde pas à attirer aux Ponts-Jumeaux des foules considérables pour l’époque. 5 à 6 000 y assistent en novembre 1907 à la venue des champions en France en titre du Stade Bordelais.

En 1909, le Stade des Ponts-Jumeaux accueille la première des 16 finales du Championnat de France qui s’y tiendront jusqu’en 1950. 15 000 Toulousains ne peuvent qu’assister à la défaite du Stade Toulousain contre le Stade Bordelais (0-17). Toujours sur la pelouse des Pont-Jumeaux, le Stade remportera son premier championnat trois ans plus tard face au Racing au terme d’une saison où le club sera resté invaincu et qui vaudra au Stade son surnom de Vierge Rouge.

Les Ponts-Jumeaux en 1912

Le premier Stade Ernest Wallon

Le terrain du Stade portait déjà le nom d’Ernest Wallon

En 1921, toujours à l’aide des « Amis du Stade Toulousain », les installations de Ponts-Jumeaux sont modernisées et agrandies. Ce sont désormais environ 20 000 supporters qui peuvent s’y retrouver. Cette même année 1921 est marquée  le 10 août par le décès d’Ernest Wallon. Le Stade des Ponts-Jumeaux portera désormais son nom.

Le 18 janvier 1925, l’enceinte toulousaine accueille pour la première fois l’équipe de France à l’occasion d’une tournée de la Nouvelle-Zélande. Ils sont 30 000 à assister à la déroute française (6-30). Plus surprenant, « le Wallon » accueille également une rencontre du onze de France, la première disputée en terres toulousaines, le 18 avril 1926, pour un match amical face au Portugal (4-2). Le foot international n’y retournera pas, mais durant 60 ans, Anglais, Écossais, Gallois, Wallabies se succéderont à Henri Wallon à l’occasion de leurs différentes tournées en France.

En dépit d’un nouveau sacre en 1947, le virage de l’après-guerre s’avère délicat pour le Stade Toulousain qui frôle même la descente en deuxième division en 1962. Pour certaines rencontres du championnat, ils ne sont plus que 200 à s’aventurer au Wallon. Les solutions les plus folles sont envisagées pour re-dynamiser l’institution toulousaine. Président du Stade, le docteur Jean Secail, propose en 1960 d’unir son club avec le Toulouse FC et de faire construire un grand stade de 60 000 places aux Ponts Jumeaux.

Le Wallon remplit à l’occasion du match France-Portugal (1926).

La fin du Wallon

Le stade retrouve un certain standard à la fin des années 60. En 1969, Toulouse renoue ainsi avec la finale du championnat. Pourtant, en coulisse, le club tremble sur ses fondations. Les Amis du Stade sont dissous en 1972 par décision du Tribunal du Commerce. L’action d’Henri Foures aidé d’Henri Cazaux et du Président Charles Bimes permettre de sauver l’association et d’assurer l’avenir du Stade Toulousain.

Bientôt, le club doit cependant affronter une nouvelle tempête: l’expropriation du Stade Toulousain du Stade des Ponts-Jumeaux, sur lequel la ville souhaite construire une bretelle d’autoroute. S’appuyant sur une loi de 1941 qui veut que chaque infrastructure sportive détruite puisse être reconstruite à l’identique, les Amis du Stade négocient au mieux la procédure d’expropriation. La ville offre ainsi, pour un franc symbolique, le terrain actuel des Sept Deniers, et dans le même temps indemnise l’association à hauteur de 27 millions de francs. Une somme suffisante pour assurer les premières constructions du nouveau Stade Ernest Wallon.

Les Toulousains disputent leur dernière rencontre sur la pelouse des Ponts-Jumeaux le 30 mars 1980 à l’occasion de la réception du Stade Aurillacois. Le Stade s’impose (29-11), mais l’essentiel n’est pas là. Les vrais adieux ont lieu les 16, 17 et 18 mai, à l’occasion de trois de célébrations à la gloire du Wallon durant lesquels se mêlent rires et pleurs. Président de la section rugby, puis du Stade Toulousain Omnisports, toulousain de toujours, André Brouat aura ces mots : « Aujourd’hui, notre vieux stade des Ponts Jumeaux entre dans l’or affectif des légendes réelles. »

Le temps de la reconstruction

Dans le même temps, la construction du Stade des Sept-Deniers débute en 1978. C’est dans un stade à moitié achevé que les Toulousains y font leurs grands débuts pour l’entame de la saison 1980-1981. L’enceinte ne sera finalement inaugurée que le 13 octobre 1982. Une ouverture qui devait être célébrée par une rencontre amicale entre le Stade et l’équipe de France, mais qui n’aura pas lieu. Vexé que son ne figure pas sur le carton d’invitation, le président de la FFR Albert Ferasse annulera tout bonnement la rencontre. Finalement,l’équipe de France y fera ses débuts le 4 décembre 1983 face à la Roumanie (26-15).

Ernest-Wallon dans les années 80

12 000 places. Deux tribunes qui se font face, des pesages et des gardiens derrières les en-but. Voilà a quoi ressemble alors le nouveau temple du rugby toulousain. C’est dans ce cadre que le Stade allait renouer avec sa légende. Une légende mise à mal depuis le dernier championnat remporté en 1947. Depuis son entrée à Ernest Wallon,  le Stade a remporté pas moins de 12 nouveaux Brennus 3 Challenges Yves du Manoir et 4 Coupes d’Europe. Le Stade toulousain ést bel et bien de retour !

Le temps de l’extension

Pour fêter au mieux ce renouveau, le club et les Amis du Stade imaginent dès 1999 un vaste projet d’extension et de rénovation des Sept-Deniers qui doit permettre de passer de 5 700 places assises à un peu plus de 19 000. Première étape, les pesages qui longeaient les tribunes sont remplacés par de nouveaux sièges début 2000. La seconde phase des travaux comprend, elle, l’inauguration de nouvelles tribunes derrière les buts et extension des latérales. Un temps en suspens, cette deuxième étape débute à la fin 2001 grâces à l’aide apportée par les collectivités (ville et département) au projet estimé à 75 MF.

Durant les travaux, le Stade prévoit de déménager au Stadium. Néanmoins, l’explosion de l’usine AZF le 21 septembre 2001 qui endommage l’enceinte des footballeurs toulousains, décourage les plans stadistes. Les travaux se développeront finalement dans un stade qui ne comptera pas un club résident, mais bien deux avec le rapatriement des footballeurs aux Sept-Deniers. Les deux nouvelles tribunes sont inaugurées au début de la saison 2002-2003.

Dans le même temps, le club décide de baptiser l’enceinte du nom de son président fondateur Ernest-Wallon, le même dont le nom ornait déjà les murs des Pont-Jumeaux. Par la suite, de nouveaux travaux permettront d’améliorer encore l’ordinaire toulousain. Réfection de la toiture en 2007,  installation d’écrans géants en 2008, nouvelle pelouse en 2011, etc.

Trois records d'affluence ont été battus à l'occasion des finales de Pro D2 et de Top 14. Notamment samedi soir, lors de la finale de Top 14 avec 80 174 personnes présentes dans les tribunes du Stade de France.

Des améliorations qui n’ont pas empêché le Stade Toulousain de démultiplier les délocalisations au Stadium (une soixantaine depuis le début des années 2000).

Quoi qu’il en soit, le cœur du Stade Toulousain demeura à Ernest Wallon. Un site qui ne se résume pas uniquement au stade de l’équipe première. Ce sont bien toutes les facettes du Stade qui profitent des installations de ce complexe de 10 hectares. Terrains annexes, complexe de l’école de rugby, salles médicalisées et vidéos, piscine, hammam… Ernest-Wallon abrite également une brasserie, le secrétariat du club, un club-house, le centre de formation, de multiples bureaux… Sans compter une salle de réception pouvant accueillir jusqu’à 1 500 personnes. En résumé, Ernest-Wallon demeure parmi ce qui se fait de mieux dans le rugby français.

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