Lorsqu’on ne s’intéresse pas qu’au football, il est de coutume de critiquer la présence médiatique de son sport favori, celle que l’Equipe lui consacre en particuliers. Si on s’en tient aux unes du journal, cela peut se comprendre…
Durant l’année 2018, le seul quotidien sportif français a ainsi consacré 296 de ses 361 unes au sport roi, soit 82%. Mieux (ou pire, selon le point de vu), le PSG représente à lui seul 87 de ces unes, c’est mieux que n’importe quel autre sport. En réalité, l’Equipe a plus souvent titré avec le PSG qu’avec tous les autres sports réunis (64,5). Certes, L’Equipe pourra arguer que c’est nettement moins que l’année dernière (113).
De manière plus anecdotique, les Girondins ou le LOSC se sont tous deux retrouvés autant de fois à la une qu’un sport comme le handball (4.5), ou même deux fois plus que basket …
Evidemment, l’esprit contrarien pointera l’évidence. C’est une année de Coupe du Monde, remportée qui plus est par la France ! Certes, mais l’année dernière, sans tout ça, l’Equipe avait déjà consacré presque autant de unes au football (287). Coupe du Monde ou pas, l’hégémonie du football à la une de l’Equipe est total ou presque.
Au delà de l’année 2018, l’évolution historique des unes du journal est également intéressante à analyser. Je me suis donc ‘amusé’ à comptabiliser les différents sports affichés à la une il y’à 10, 20 et 30 ans. L’évolution est notable. En 1988, le football ne comptait ainsi que pour la moitié des unes. Un chiffre passé à 68%, 76% et enfin 82% l’année passée. Le football n’a pas toujours eu la place de choix qu’il a aujourd’hui.
A l’ombre du football, le traitement à la une de l’Equipe permet également de regrouper et de hiérarchiser assez facilement l’importance des sports en France.
- Les sports non olympiques qui ne feront jamais la une quelque soit leurs exploits (rink hockey, rugby à XIII, ski nautique*, etc.). Pour ces sports, même un encart en une relève de l’utopie.
- La plupart des sports olympiques qui ne peuvent rêver de la une que lors des jeux olympiques, et se contenteront d’un bandeau – au mieux) le reste de l’olympiad (pentathlon, canoë kayak, équitation, etc).
- Les ‘grands’ sports olympiques (athlétisme, natation, judo, voile, ski) ou collectifs (basket, handball) qui peuvent espérer faire la une à l’occasion de leurs championnats du monde respectifs ou à l’occasion d’une performance exceptionnelle. Leur présence reste cependant entièrement tributaire des succès des athlètes tricolores.
- Le cyclisme, le rugby et le tennis. Ce sont les trois seuls sports (avec le football) qui sont assurés de faire plusieurs unes dans l’année, notamment autour de leur événement annuel (Roland Garros, Tour de France et Tournoi des XV nations). La performance des athlètes français reste prépondérante cela dit (ainsi le tennis qui est passé de 28 unes en 2017 à 10 en 2018).
- Le football
La hiérarchisation et la composition de ces groupes semble remarquablement stable en trente ans. On pourra cependant remarquer le cas des sports autos passés du 4ème groupe (25 unes en 1988 et 15 en 1998) au 3ème (3 unes en 2018). Quand le départ du Dakar ou le Grand Prix de France étaient des événement assurés de faire la une, ce n’est plus le cas aujourd’hui. A contrario, le handball, a, lui, su se hisser jusqu’au quatrième.
Beaucoup, reprocheront à l’Equipe la mainmise du football et cette forme de hiérarchisation des sports, l’accusant si ce n’est de la créer, au moins de la renforcer. Je doute que ce soit le cas. Moins de 250 000 Français lisent l’Equipe chaque jour, quand plusieurs dizaines de millions s’intéressent au sport. Et son monopole n’est plus que relatif à l’heure d’internet.
Faut-il enfin préciser que le traitement en une de l’Equipe ne dit pas nécessairement tout du traitement à l’intérieur du journal qui répond à une démarche éditoriale autre que la démarche commerciale du sujet à mettre en une.
*Patrice, si tu nous lis.
Je serais curieux de voir la comparaison avec les quotidiens sportifs des autres pays quand ils existent.
Pour avoir feuilleté des journaux portugais ou espagnols, j’ai pu constater que le foot et les gros clubs phagocytaient les espaces en une et dans les pages intérieures.
En Tchéquie, je me rappelle surtout du foot et du hockey en sur glace qui prenait +50% du journal.