Est t-il possible d’estimer le nombre de Coupe du Monde que chaque pays aurait « dû » remporter ? Et si oui, la France a t-elle quoi que ce soit à regretter ?
Des si à géométrie variable
Quelques jours après le titre de champion du monde, j’ai lu quelqu’un qui se languissait sur le thème « Et si Schumacher en 1982, et si Zidane n’avait pas dégoupillé en 2006, et si on s’était pas foiré en 2002. Des étoiles, on pourrait en avoir déjà 3 ou 4 ». Des si légitimes certes, mais il y’en d’autres qui le sont également, mais sont rarement abordés. Et si Laurent Blanc avait suivi les consignes et ne s’était pas retrouvé dans la surface de réparation paraguayenne ? Et si Benjamin Pavard n’avait pas inscrit le but de sa vie face à l’Argentine ? Nous pourrions tout aussi facilement arboré aujourd’hui un maillot dénué de toute étoile.
Des si, l’histoire de chaque nation en est remplis. Avec des si, le Brésil aurait déjà remporté 10 trophées, l’Allemagne huit et la Belgique n’aurait toujours pas dessaoulé de son titre 2018. A contrario, l’Angleterre pourrait tout aussi bien être vierge de tout titre, et l’Italie pourrait se dire qu’un dernier titre en 1938, c’est quand même diablement long.
Alors quel pays aurait intérêt à rejouer l’histoire et qui aurait intérêt à ce que personne n’ait à l’idée d’inventer une machine pour voyager dans des mondes parallèles ?
A l’aide des parieurs
A chaque coupe du monde, les bookmakers se frottent les mains et aiguisent leur cotes. Si ces cotes ne disent pas tout et ne sont certes pas infaillibles, elles restent leur meilleur moyen de jauger des favoris d’une compétition. A chaque cote correspondant un pourcentage de victoire que le bookie assigne à telle ou telle équipe. A partir de là, il est facile de compiler et d’additionner ces chiffres.
Evidemment, la méthode a quelques limites: la somme des probabilités de remporter le trophée est supérieur à 100% (il faut bien vivre), les bookmakers étant anglais, ils font peuvent d’un certain bias envers leur équipe nationale. Seul un bookmaker est pris en compte quant une moyenne de différents bookies donnerait des nombres sans doute plus justes, etc.
De plus, je n’ai trouvé aucune donnée pour les coupes du monde 1930, 1934 et 1938 et 1950. L’analyse débutera donc en 1954 avec la première victoire allemande.
L’efficacité française
Oublier vos regrets éternels sur Battiston ou Zidane, la mythologie d’un pays qui se vautrerait dans la défaite glorieuse. La France est une des nations les plus efficaces en Coupe du Monde. Si l’on croit les bookmakers, nous aurions ainsi dû remporté 0.8 Coupe du Monde. Hors, nous sommes à deux victoires, soit 1.20 étoile de plus que ce que les parieurs auraient considéré comme juste avant chaque tournoi. Même avec une défaite en finale contre la Croatie, nous aurions pu nous estimer heureux de notre palmarès.
Si la France n’a pas à se plaindre de ce que le sort lui a réservé, le Brésil et l’Allemagne n’ont également pas à regretter quoi que ce soit avec respectivement 1.5 et 2 coupes du monde « bonus ». L’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et l’Argentine, elles, sont, là où elles devraient être. Ni plus, ni moins (et de manière presque exacte pour l’Espagne et l’Argentine).
Les grands perdants de l’histoire sont tous ceux qui n’ont pas remporté de titre depuis 1954, laissant leur bout de Coupe du Monde virtuel aux pays vainqueurs. Sans surprise, les Pays-Bas, sont les grands battus de l’affaire, eux qui n’ont toujours pas remporté la moindre Coupe du Monde et à qui les bookmakers avaient pourtant donné une plus grande chance que la France de remporter au moins un tournoi.