Histoire du Stade Maurice Dufrasne

A la recherche d’un stade

A la fin du XIX° siècle, une poignée d’élèves du collège Saint-Servais décident la création d’un nouveau club en terres liégeoises. En 1898, un vote a lieu pour décider du nom du club, le Standard est en balance avec le Skill, finalement le Standard – en référence au Standard Athlétic Club, champion de France en titre -, l’emporte d’une voix sur le « Skill ». Le Standard de Liège était né. Les footballeurs, qui évoluent déjà en rouge et blanc, disputent leurs premières rencontres à Cointe au grand dam du FC Liégeois locataire alors de la voisine plaine du Champs des Oiseaux. Les Rouge et Blanc sont priés d’aller voir ailleurs.

Le club trouve refuge en 1900 sur les terrains du Stade Vélodrome de la Boverie, la-même où le FC Liégeois avait débuté sa carrière entre 1892 et 1893. Le Standard profite ainsi de ses premières installations: vestiaires, douches, tribunes… Evoluant en Division 2, les joueurs sont exclus en 1904 de leur terrain, les pouvoirs publics ayant décidé la réalisation du Palais des Beaux-Arts à la place du Vélodrome, une structure qui doit constituer le joyau de l’Exposition Universelle de 1905.

Le Vélodrome de la Boverie où a évolué le Standard de 1900 à 1905

Le club élit ensuite domicile à Grivegnée, en bordure de l’Ourthe sur un site qui avait précédemment abrité un four à coke. Le confort ést rustique et les joueurs doivent parcourir deux cents mètres pour se rendre aux vestiaires. Il n’est pas rare de voir les joueurs plonger dans le fleuve voisin y repêcher de précieux ballons… Les premiers derbys font rage contre le FC Liégeois qui se plaint même d’avoir à disputer une rencontre sur un terrain parsemé de morceaux de verres et de terre. De pures allégations selon la direction du Standard… Les débuts d’une rivalité séculaire.

Les premières fondations de Scléssin

En 1909, le propriétaire du terrain décide d’exclure les footballeurs qui trouvent très vite un terrain de repli à Scléssin sur les bords de la Meuse. La transhumance des « Rouches » touchait à son terme. Sur cette prairie, allaient se bâtir les premières fondations de ce qui deviendrait bientôt « l’Enfer de Scléssin ». Le site fait alors partie d’une vaste propriété qui entourait le château du Perron, et que les habitants, les frères Deprez, acceptent de louer au club pour 300 F par an. Un hangar de la ferme sert de remise pour le club, et les frères Deprez servent les repas des équipes jeunes.

Le long de la rue Ernest Solvay, on construit à une dizaine de mètres du goal côté terril une clôture en planches peintes alternativement en rouge et blanc, une main-courante en bois ceinture par ailleurs le terrain. Le Café soulet situé 400m plus loin fait office de vestiaires. Le Standard, en D1 depuis 1909, ne peut plus se contenter de telles installations, et entreprend très vite la construction de trois vestiaires (visiteurs, visités et arbitres), ainsi que d’une buvette à l’attention des supporters.

Peu de temps après, et sous l’impulsion du niveau président du Standard, Maurice Dufrasne – qui léguera par la suite son nom au stade -, la prairie des frères Deprez se transforme en véritable « ground » de football, le terrain est nivelé, arrangé, semé, puis une première tribune de 300 ou 400 places est aménagée en 1910. Afin d’acquérir les terrains de Scléssin, Maurice Dufrasne dote son club de la personnalité civile, puis monte en 1923 une coopérative à laquelle répondent 573 souscripteurs. Le club dispose alors de 30 000 francs pour acquérir les terrains de Scléssin.

Quelques mois de tractations sont nécessaires pour que les propriétaires acceptent de vendre près de deux hectares de leur prairie. Deux achats supplémentaires viennent rapidement porter la superficie de Scléssin à 3 ½ ha. Le club réalise ainsi un premier terrain d’entrainement derrière la tribune assises. En 1925, le stade est considérablement agrandi: une nouvelle tribune en béton, de nouveaux vestiaires, une conciergerie et une salle de réceptions sont ainsi aménagés. En 1931, Scléssin s’agrandit encore, un terrain de hockey et trois courts de tennis viennent compléter le site.

Au début des années 30, la capacité de l’enceinte est de 24 000 places réparties en 2 300 places en tribunes assises, 3 700 en tribunes debout et 18 000 en pourtours. En 1939, alors que le club a déjà cumulé trois titres de vice-champion de Belgique, une nouvelle tribune debout de 10 000 places est érigée. Le Stade de Scléssin est alors un des plus impressionnants de Belgique.

Le Standard au sortir de la Seconde guerre Mondiale

Après avoir lutté durant de nombreuses saisons contre la relégation au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants du Standard se remettent à l’édification de leur stade, des travaux sont effectués en 1950 sur l’actuelle tribune IV (coté Meuse) pour la transformer en une structure moderne de 6 000 places, toutes debout. Puis c’est au tour de la tribune I de connaitre des travaux qui permettront de dégager 3 000 sièges supplémentaires. La capacité de Scléssin est alors de 37 000 places.

A l’été 1958, le stade de Scléssin inaugure sa quatrième tribune coté Terril. Le Standard dispose ainsi d’un stade entièrement fermé et de près de 7 500 places assise. Le 11 mai 1958, le Standard remporte son premier championnat grâce à un match nul décroché à Anvers dans ce qui constitua une véritable finale (les deux club étant à égalité avant la dernière journée, le match nul offrit le championnat aux Liégeois grâce un nombre inférieur de défaites). Dans la foulée est décidé une nouvelle modernisation des installations. Les vestiaires ainsi que les salle de réceptions du club et la tribune de presse sont refait à neuf en 1961.

En 1972, les travaux reprennent à Scléssin, la Tribune IV est considérablement agrandie, et 6 000 places supplémentaires sont dégagées. Scléssin offre désormais 43 000 places. Par la suite, la capacité de l’enceinte ne cessera de diminuer, les années 80 et 90 étant marquées par la reconstruction de l’ensemble des tribunes selon les nouvelles normes de sécurité et notamment dans la perspective de l’Euro 2000.

Vers la reconstruction de Scléssin

Début 1985, alors qu’il n’est évidemment pas encore question de L’Euro, l’immersion d’André Duchêne, entrepreneur de la région hutoise, va permettre la réalisation d’une toute nouvelle Tribune I pouvant accueillir 5 500 supporters, et – grande première -, qui sera équipée de 28 loges. Six mois de travaux sont nécessaires à l’inauguration en septembre 1985 de cette nouvelle tribune. André Duchêne assurera la gestion de cette tribune durant dix ans.

Sept ans plus tard, c’est au tour de la Tribune II de céder devant le poids du modernisme, la gigantesque tribune debout de 10 000 places laisse la place à une structure moderne équipée d’un « club affaire » de 1300 m² et de 650 business seats. L’ouvrage propose deux niveaux, le premier – debout – permet d’accueillir 5 400 supporters, mais peut facilement se transformer en structure assise afin de se soumettre aux règlements européens; le second, quand à lui, offre 3 700 sièges. Le Stade de Scléssin offre alors de 25 000 à 26 400 places. Sclessin dans sa nouvelle configuration est inauguré par une rencontre face au Bayern de Munich.

Alors que la Belgique et Pays-Bas sont désignés au mois de juillet 1995 pour organiser l’Euro 2000, Liège se positionne comme une potentielle ville d’accueil de la compétition, et dans cette optique des travaux sont entamés en Tribune Terril (T III). Construit sur le même modèle que la Tribune II, la partie basse permet d’accueillir des spectateurs debout (3 000) ou assis (1 500), et la partie haute uniquement des spectateurs assis (2500).

Quatre ans plus tard – alors que liège a officiellement été désignée comme ville hôte de la compétition en 1997 – c’est au tour de la Tribune Vercour (IV) de connaitre le même sort que ces devancières. Tout comme pour la T III, le montage financier est assuré par les pouvoirs publics (région wallonne, province de Liège, ville de Liège et état fédéral via la loterie nationale). 350 MFB sont déboursés pour aménager ces deux dernières tribunes ainsi que les abords du stade.

Scléssin et ses 30 000 places accueillent trois rencontres de l’Euro 2000 (Allemagne – Roumanie, Norvège – Yougoslavie, et Danemark- République Tchèque). Durant l’Euro, Sclessin offre une configuration entièrement assises. Elle sera conservée par la suite pour les matchs du Standard.

L’ensemble de ces travaux n’empêche pas le club de rêver à mieux, à plus grand. Si le projet d’un nouveau stade ailleurs, longtemps porté par l’ancien président du cub, Pierre François, est aujourd’hui une histoire oubliée, le club a dans les cartons un vaste projet de modernisation qui doit, entre autre, permettre de porter la capacité de Scléssin à 32 000 places.

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